Les dessous de l’ascension de plusieurs artistes à l’instar du Béninois Dibi Dobo, des Ivoiriens DJ Arafat et Espoir 2000 ou encore du groupe français Factor X, se cachent de grand hommes dont le producteur français d’origine béninoise, Kodjo Sena Houngbèmè.
Fondateur et directeur général de la chaine musicale africaine Digital Black Music TV ainsi que promoteur du label indépendant Nouvelle Donne Music, Kodjo est un vrai détecteur des talents, producteur et développeur de la carrière musicale de plusieurs artistes talentueux.
Kodjo a fait ses études universitaires à l’Université d’Evry en France où il a obtenu un diplôme en économie et gestion avant de faire une maitrise en sciences de gestion, option finances dans ce même établissement. Portrait.
Ses débuts et ses prouesses
En 1997, alors âgé de 19 ans, il ouvre les portes de Nouvelle Donne Music, un label indépendant spécialisé dans le rap et les musiques afro-antillaises. Avec ses amis d’enfance, ils faisaint de contributions afin que l’entreprise résiste financièrement. « Au départ, j’étais avec un de mes meilleurs amis d’enfance, leader du collectif DSK, Boubacar Kaba. Il s’était engagé dans l’armée et avait financé avec moi, la première compilation. Ensuite, l’équipe s’est agrandie avec Olivier, puis William. Enfin, mon frère Blaise nous a rejoints avant mon cousin Richard. Chacun apportait sa contribution au fur et à mesure. Et le tout sur fonds propres », relate t-il.
Grâce au savoir-faire de Kodjo, Nouvelle Donne signa un accord de partenariat avec Universal Music qui investira la bagatelle de 750.000 euros sur une période de 5 ans. Avec lui comme directeur artistique, cette entreprise qui est réputée pour sa diversification, a géré le booking de plus de 300 dates de spectacles dans le monde pour le groupe Factor X (un groupe de rappeurs français composé d’Ol Kainry, Kamnouze et Jango Jack). L’entreprise a été choisie par Def Jam pour gérer la filiale France et réalisa plusieurs performances remarquables.
Suite aux prouesses remarquables de Factor X et de nombreux concerts en Afrique, Nouvelle Donne a ouvert une branche afro-caraïbe : « J’ai crée le concept WUMB (Wolrd Uban Music Black, NDLR) avec mon responsable administratif Philippe Dupuis. L’objectif était de mettre au profit de notre culture africaine, nos réseaux et expertises acquis dans le hip-hop ».
Avec un carnet d’adresses garni, Kodjo devient directeur du label Cassiope Paris 12e. Dans ses nouvelles fonctions, il négocia plusieurs contrats avec les majors (Universal, Sony et Warner). Sous les couleurs de cette entreprise, il a été producteur de la série télévisée ivoirienne « Gohou Show » diffusée sur les chaines de télévision TV5 Monde et A+. Il a aussi assuré le développement du projet « Les Déesses » avec la chaine M6 TV et la société Warner.
Au bout de deux ans de travail et d’un grand succès, Kodjo s’engage pour deux ans avec ND Events Africa afin de gérer l’organisation des événements sur le continent africains en 2010. Charge qui était concluant avec plusieurs événements organisés dont le booking des artistes pour le lancement de l’opérateur téléphonique Moov au Gabon, au Bénin et au Togo.
Entre la musique et l’humanitaire
La musique n’est pas toujours au centre des activités de ce grand monsieur. En 2012, il est nommé chargé de mission auprès du vice-président en charge des familles, de la protection de l’enfance et de l’action sociale au Conseil général de l’Essonne (France). Avant d’être nommé directeur du développement des activités médias en Afrique de l’Ouest (Bénin, Togo, Burkina Faso et Niger) par Trace TV en 2014.
« Ce fût une grande charge en terme de travail pour mon Président Jérôme Cauet à ce moment-là et une expérience enrichissante pour ma personne. Comme on avait un statut proche de la fonction publique, cela me laissait beaucoup de jours de congés. Ce qui me permettait de garder contact avec l’Afrique et d’y aller tous les deux mois environ », raconte-t-il.
La création d’une vitrine de la culture africaine
Alors qu’il avait acquis trop d’expérience et avait étudié le milieu médiatique africain, Kodjo a lancé le 21 juin 2017 sa propre entreprise de presse : Digital Black Music TV (DBM TV). Depuis cette année jusqu’à ce jour, cette chaine de la promotion de la culture africaine et de la promotion des œuvres musicales des jeunes artistes. « Notre objectif est d’apporter un nouveau regard à la musique et à la culture africaine, plus particulièrement sur l’Afro-Urbain et l’Entrainement africain », a expliqué Kodjo le jour du lancement de la chaine 100% musicale.
Diffusant au départ sur Canal+, la chaine a été retirée de cet opérateur de télévision payante en juin 2019 tout en restant disponible chez les autres opérateurs. La chaine est diffusée partout en Afrique Subsaharienne grâce à sa position sur Eutelsat 16 (réception sur Strong, les câble-opérateurs), sur le bouquet Startimes, sur le bouquet Orange en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et bientôt dans d’autres pays. DBM TV a aussi unsite internet et une application mobile MyDBM déjà disponible sur Google play etc. « Nous aspirons toujours à retrouver nôtre place sur le bouquet Canal+ dès que l’occasion s’offrira à nous », a dit Kodjo.
Cherchant à s’approcher trop des jeunes, DBM TV a lancé une branche pour les deux Congo (Congo-Brazzaville et Congo-Kinshasa) « DBM TV Congo ». Grâce cette nouvelle tranche où Henrique NG a été nommé comme directrice, DBM met en lumière les jeunes talents du Pool Malebo à travers la rubrique « Instan Tokoos ».
« Les deux Congo en Afrique présente une plateforme riche sur le plan culturel créative et très puissante. Donc, c’est important d’être présent dans cette région. Avec des interviews, des zooms, nos pages sociales et notre playlist, nous assurerons la promotion des artistes », laisse entendre Kodjo.
Ses ambitions pour la musique africaine
Kodjo est ambitieux pour le secteur culturel africain. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il avait quitté son poste de conseiller général de l’Essonne afin d’accompagner Trace TV en Afrique de l’Ouest. A travers ce média, son idée était de lancer une maison de disque panafricaine qui allait mettre la musique africaine en lumière.
Malheureusement, Kodjo n’avait pas réussi de réaliser son projet puisqu’il le groupe Trace décida de résilier le contrat avec lui. Malgré ce coup dur, il reste optimiste. « Mais j’aspire toujours à conduire un projet d’envergure dans ce domaine et je reste patient, car Dieu donne à chacun un don, et ça c’est ce qu’il m’a donné, donc j’attends patiemment mon tour pour emmener notre industrie à la place du marché mondial », déclare-t-il.
Et de rajouter : « Quand au Bénin, mon pays, j’observe aussi un marché dormant, sans réelle volonté des politiques d’investir dans ce secteur qui pourrait créer tellement d’emplois, d’activité économique comme au Nigeria et en Afrique du Sud. Espérons, que les choses évoluent rapidement ».
ETIENNE KAMBALA