Le rappeur franco-congolais TiTo Prince est relativement en retraite depuis la sortie de son dernier album « Un roi dans un HLM » en juin 2019. L’artiste s’apprête à signer son come-back dans un avenir proche avec un nouveau projet baptisé « Un roi dans la République ».
Pour tracer le chemin de cet opus, TiTo a dévoilé le morceau « Merci pour tout ». Dans ce clip, l’artiste retrace l’histoire d’un beau gosse qui se fait larguer par sa dulcinée. Le garçon va préférer voir le verre à moitié plein et énumérer tous les bienfaits que lui apporte cette rupture. Le chanteur de Brazzaville y fait parler sa polyvalence et mixe avec justesse le rap au chant. Voilà ce qui nous donne un bel avant-goût de son prochain album.
Biographie de TiTo Prince
Originaire de Vigneux-sur-Seine, dans l’Essonne, Tito Prince ne se destinait pas à la musique, mais au football, puisque jusqu’à l’âge de 15 ans, ce grand espoir foulait avec réussite les prés verts jusqu’à ce qu’un certain Guy Roux n’essaie de l’attirer dans ses filets au centre de formation de l’AJ Auxerre. C’est à cette période que son destin bascule puisque le footballeur se blesse successivement aux deux chevilles, le laissant sur le flanc de nombreux mois, juste le temps de voir le train du professionnalisme lui passer sous le nez.
Il se passionne alors pour le rap et écrit vite ses premiers morceaux, qui séduisent d’emblée les jeunes de sa cité des Bergeries, dans la banlieue-est parisienne. Devant faire face au scepticisme de ses parents, il poursuit toutefois sa scolarité, caressait, malgré tout le rêve de se consacrer à la musique. Un jour, devant sa ténacité, son père lui donne enfin sa bénédiction.
Tito Prince va alors franchir les étapes à une vitesse fulgurante, étudiant avec minutie le style des pointures d’outre-Atlantique, de The Game au Wu-Tang Clan, et prêtant une oreille attentive dans l’Hexagone au travail d’IAM, de NTM ou de Secteur Ä.
Il commence à se faire un nom en 2007 grâce à des apparitions sur des compilations, des mixtapes, mais aussi des collaborations avec Youssoupha, Dany Dan, Nessbeal et surtout Ol Kainry avec qui il enregistre le titre « Détruire pour reconstruire », qui finit par arriver aux oreilles de Manu Key, qui avait réalisé les premiers albums de Rohff et du groupe 113, qui va s’impliquer en 2008 dans le street CD de Tito Prince, Le Petit Prince du Ghetto.
Un peu plus tard sort Avant d’Exister, une mixtape qui aurait pourtant pu signifier la fin prématurée de sa carrière artistique, puisque de l’aveu même de l’artiste, il s’était presque résigné, trouvant le chemin trop long et sinueux et devant assumer une nouvelle paternité. Mais son succès inattendu, avec plus de 15 000 téléchargements, lui remet du baume au cœur et le rappeur se convainc alors d’enfoncer le clou avec « Un Prince dans un HLM », son premier EP paru en 2013, après s’être montré à son avantage en première partie de l’un de ses mentors, Disiz.
Le disque étonne la critique par sa lucidité mais aussi la conscience et la maturité du propos, avec des titres tels que « Hôpital de la Fontaine », « Dr Flow », « Logos », « Housewife » ou encore « Dîner de cons ». Sa technique, son flow, sa production imposent alors un style, conscient et mûr, lui permettant d’aborder des thèmes rares dans le rap tels que l’homosexualité ou la relation avec sa propre femme.
En 2014, Tito Prince revient avec une mixtape gratuite offerte à ses fans, « Les Prémices de Toti Nation », annonçant la sortie imminente de son premier album studio, « Toti Nation », en 2015. Ce dernier intègre directement au cœur de l’été le Top albums hexagonal en 63ème position, faisant souffler un véritable vent de fraîcheur dans le rap français.
Assuré par cet accueil, il aborde la suite avec l’idée d’une œuvre totale. C’est ainsi qu’il publie dès décembre 2016 un deuxième volume : « Toti Nation II », un modèle de rap conscient à contre-courant, sur lequel on retrouve au micro Youssoupha et Masta Danger.
Un artiste qui apporte un souffle nouveau au rap français. Tito Prince soigne autant la forme que le fond. C’est particulièrement son histoire et ses origines congolaises qui inspirent son écriture. Il propose avec un talent une conception différente du rap français dont la tendance est surtout à l’ego trip, à la fraternité, l’éveil des consciences et à la motivation.
Entre anecdotes et métaphores, il évoque la vie facile que propose la rue et le revers de la médaille, le combat du quotidien, la croyance, la famille et l’espoir. Il met son agilité de la rime au service de ses textes, d’une manière touchante et intelligente. En chamboulant les codes, le rap de Tito Prince nous livre une conception et une empreinte vocale totalement différente de la masse.
ETIENNE KAMBALA