Depuis quelques temps, nous assistons, en République Démocratique du Congo, et plus particulièrement à Kinshasa la capitale, au report quasi systématique d’événements prévus sous prétexte des tensions politiques et sécuritaires. Les discours de la Communauté internationale et le départ annoncé de ressortissants étrangers font douter les organisateurs internationaux. Eventsrdc.com a approché Olivier Jacques Mpunga, un des consultants en Evénements pour avoir un aperçu réel de l’impact de la situation sécuritaire du pays sur le secteur. Interview.
Quelle analyse faites-vous des différents reports de concerts, notamment ceux de Maître Gims et de Rick Ross, initialement prévus mais reportés suite aux tensions politiques ?
(Rires) Je ne pense pas que ces raisons soient valables. A mon sens, la RDC n’est ni en guerre ni une zone véritablement rouge tel qu’on veut le penser. A-t-on reporté la coupe du monde ou les jeux olympiques de Rio 2016 suite aux crises politiques brésiliennes ? Non. A mon avis, il faut voir plutôt du côté budget des organisateurs pour comprendre ces reports. Cela n’a rien à avoir avec le pays.
Quelle est la place de la paix dans votre secteur ?
Attirer les plus grands nombre de clients et se faire un bon gain (Rire). Je peux vous poser une question à mon tour : quel événement peut-on organiser en temps de guerre ? A l’exemple du Tour de France interrompu suite aux 2 guerres mondiales et qui n’a célébré son centenaire qu’en 2013 au lieu de 2003. La paix reste l’élément principal pour la vie d’une société et donc la vie de l’Evénementiel.
Il faut retenir qu’un événement implique directement :
*Social & Community implication : Un plus à la culture et l’ouverture culturelle de la communauté.
*Economic implication : Input pour les revenus occasionnels ou permanents pour certaines activités économiques. Opportunité d’affaires pour les fournisseurs locaux.
*Developmental implication : Construction des nouvelles installations sportives et Culturelles.
*Political implication: Show Case pour la réhabilitation et l’intégration internationale du pays.
Bref, nous aurons l’occasion d’en parler en profondeur.
Sans la paix, nous ne sommes pas viables. L’argent n’aime pas les bruits des bottes (Rire).
Avez-vous un message particulier à adresser aux gouvernants sur l’impact de l’insécurité dans l’événementiel ?
Je n’ai pas un message à adresser particulièrement aux gouvernants mais à tous. Nous sommes tous acteurs de la paix et de la sécurité dans notre nation. Il y a des voies non violentes pour régler les différends qui peuvent surgir dans la société. Ce que je leur demanderai, seulement, c’est de faire au mieux leur travail de régulation du secteur notamment en ce qui concerne toutes les procédures administratives liées à une activité.
En ce qui nous concerne, nous Event Planner, je nous invite à plus de sérieux, de prudence et de précaution dans l’organisation de nos activités. C’est le seul véritable gage pour sécuriser notre secteur (Rire).
Plusieurs autodidactes intègrent peu à peu votre domaine. Selon vous, qu’est-ce qui les attirent tant ?
J’ai moi-même été autodidacte, il y a quelques années (Rire). Je pense qu’il y a de ceux qui, comme moi, le font avec passion. Pour ceux là je n’ai que des encouragements à leur faire en leur conseillant d’être persévérants. Mais je sais qu’il y en a aussi qui viennent soit pour l’appât du gain, soit pour être vus. Ce domaine nécessite beaucoup de sacrifices. Je ne pense pas qu’ils subsisteront à long terme dans ce secteur.
Que dites-vous aux rd-congolais et aux étrangers qui ont placé la RDC comme zone rouge sur le plan événementiel ?
Je pense que toute la question est de trouver des collaborateurs locaux qui peuvent les aider à mieux cerner les enjeux d’un événement en RDC, et sur Kinshasa en particulier. Il y a eu instabilité en Côte d’Ivoire, mais plusieurs activités y ont quand même été organisées. J’en profite pour proposer aux plus grands noms du domaine événementiel d’ouvrir leurs portes à des collaborateurs compétents et qualifiés pour qu’une Industrie Événementielle Congolaise digne de ce pays naisse.
CINARDO KIVUILA