Validé en septembre 2019, le délai prévu pour la mise en œuvre du Plan National du Numérique Horizon 2025 sera bientôt atteint. À une année et quelques mois de ce deadline, l’opérationnalisation de ce plan stratégique soulève plusieurs questionnements.
Contenant 69 projets prioritaires, ce document de planification stratégique a pour vocation à fédérer les rd-congolais autour des objectifs communs d’appropriation populaire des technologies, d’économie numérique et de développement durable. Alors que 2025, l’année prévue pour sa mise en place s’approche à grands pas, d’aucuns s’interrogent sur l’effectivité de sa matérialisation.
Approché par notre rédaction, le stratège et économiste rd-congolais Al Kitenge estime qu’entre le moment où le plan stratégique et opérationnel a été élaboré, jusqu’à présent, l’État rd-congolais a été lent dans sa mise en œuvre. À l’en croire, à cette allure, il sera difficile de constater un succès en 2025.
« Je peux prédire que nous avons du retard et c’est encore une fois la chose que je suis en train de dire de manière assez claire. La mise en œuvre de l’exécution est très importante. Il n’y a aucun plan de digitalisation qui se fait sans procéder avant tout à l’identification des citoyens. Aujourd’hui, nous n’y sommes pas encore. Le ministère des finances y travaille mais ce n’est pas encore une réalité. Et tant que nous n’avons pas ça, il sera difficile de faire le reste », nous a-t-il dit.
Dans un souci de redevabilité, l’agence nationale du numérique avait récemment dressé un bilan de l’état d’avancement du PNN Horizon 2025. Selon son rapport, le taux d’opérationnalisation du plan s’élevait à 57% au mois de mars dernier et d’ici le 31 décembre 2025, les 100% d’opérationnalisation seront atteints.
Favoriser un back bone national pour accélèrer l’opérationnalisation
Malgré ces chiffres encourageants divulgués par l’ADN, sur terrain, la réalité prête à confusion. Pour rappel, le PNN Horizon 2025 est axé sur 4 piliers stratégiques dont les infrastructures, les contenus, les usages applicatifs, la gouvernance et la régulation.
Explorant les perspectives de sa concrétisation dans le delai imparti, Al Kitenge estime que l’État rd-congolais peut choisir de devenir lui-même opérateur d’infrastructures des télécommunications en déployant la fibre optique et le satellite où alors s’appuyer sur ceux qui en ont le métier, c’est-à-dire les privés qui sont sur le terrain.
« Je crois que là dessus, il y a quelque chose d’important à pouvoir mettre sur la table, c’est un petit peu notre faiblesse globale. Faute de visibilité sur ce qu’il y a à faire, il y a Liquid qui a son réseau de fibre optique, il y a Vodacom qui a le sien et orange également. Nous devons avoir la possibilité d’avoir un back bone national qui permet que nous soyons en mesure de faire une couverture beaucoup plus grande et que les gens aient simplement le droit de passage », fait-il savoir.
Et de poursuivre : « Faute d’un plan Global et d’une exécution ordonnée, aujourd’hui chacun fait les choses à sa manière. Et on en pense pas beaucoup en terme de pénétration. Il y a un effort à fournir pour qu’on soit en mesure d’avoir un plan de déploiement coordonné. Les faiblesses de l’État malheureusement entraînent une méfiance du privé et chaque privé essaie de faire les choses à sa manière et je ne crois pas que ce soit la bonne manière de faire. »
La mise en œuvre du Plan National du Numérique Horizon 2025 est une tâche complexe. Seul le temps nous dira si les efforts déployés seront suffisants pour réaliser la vision d’une société numérique dans les délais impartis.
GLODY NDAYA