L’entreprenariat comme option de carrière et de création de la valeur socio-économique au sein de la région sud-est en République Démocratique du Congo devient une réalité courante.
La fragilité observée par les jeunes sur le développement d’une carrière dans le secteur attirant le plus grand flux financier dans la région, à savoir : les mines, a pu démystifier le rêve de plus d’un jeune congolais qui autrefois ne juraient plus que par le souci d’être un employé dudit secteur.
En effet, la chute des cours des matières premières à l’international, associée au ralentissement de la croissance économique chinoise, a eu des effets directs sur le secteur des mines en République Démocratique du Congo ; notamment, la suspension des activités des mines appartenant au groupe GLENCORE dans la ville de Kolwezi, province du Lualaba, qui a conduit au licenciement direct d’une centaine des travailleurs et à la perte indirect d’emplois au sein des entreprises travaillant en sous-traitance pour le compte des entreprises Katanga Mining Ltd.
Rappelant aux habitants de la contrée, principalement ceux des provinces du Lualaba et du Haut-Katanga, la faillite du géant minier du secteur publique, la GECAMINES, ainsi que les désastreuses conséquences de perte d’emplois et du ralentissement total de l’économie qu’elle a causé dans la région, la conscience collective (jeunes et vieux) rêve et envisage une nouvelle ère pour la survie et l’avenir : celle de la mise en place des fondements favorables au développement d’une économie moins dépendante du secteur minier.
A ce propos, des organisations d’appui au développement, avant-gardistes sur cette problématique, ont initié et financé des projets pour la promotion de l’entreprenariat des jeunes dans l’ex-province du Katanga.
Les différents bénéficiaires de ce type de projets et subventions ont pris l’élan pour un développement personnel et aussi communautaire au moyen de leurs initiatives entrepreneuriales, nonobstant les lacunes observées dans l’existence d’un écosystème local et national pour le développement de la micro-entreprise.
La majorité des subventions accordées aux bénéficiaires de ces projets dans les régions du sud-est de la R.D. Congo issues du démembrement de la grande région du Katanga, a été faite sur base d’un principe d’appui au développement local. Par conséquent, elles n’ont pas été en mesure de couvrir l’intégralité des fonds requis pour le lancement ou le développement des plans d’affaire dont les individus constituant la jeunesse ciblée sont porteurs.
C’est ainsi que de nombreuses jeunes entreprises ayant bénéficié de ces fonds n’ont pas su assurer aussi bien leur lancement que leur développement, exceptées certaines d’entre elles ayant su mobiliser des investissements parallèles.
La nouvelle donne : des jeunes entrepreneurs lancent leur propre crowdfunding.
La question de l’entreprenariat des jeunes ayant connu une montée fulgurante au sein de l’opinion et de la communauté locale eu égard à la crise que traverse le secteur des mines et métaux, est passée une seconde dimension : celle de lever des fonds à partir des membres de la communauté sans avoir une bourse locale des valeurs marchandes ou une banque d’investissement pour les projets des entreprises en démarrage. Autrement dit, créer un crowdfunding local.
A l’origine du concept se trouvent deux institutions – le Réseau Solidaire des Jeunes Entrepreneurs au Congo (RESOJEC) appuyé par la firme CREABOX Communication, une agence locale de conseil en communication et bien réputée pour sa connaissance du marché local – qui se décident de se mettre ensemble et donner mobiliser des capitaux en vue d’investir sur deux types de jeunes entreprises « startups » : celles ayant obtenu des subventions mais ne parvenant pas à financer l’intégralité de leurs plans d’affaire et celles n’ayant aucun fonds pour démarrer leurs activités.
C’est ainsi que l’initiative Startup Connect est mise en place dans la ville de Lubumbashi afin de fédérer une communauté des personnes susceptibles d’investir dans les projets des jeunes entreprises de la contrée sans recourir aux traditionnelles institutions de financement.
L’initiative a ainsi forgée sa réputation de créateur d’un nouveau modèle de financement jamais expérimenté dans la région et résolument dédié à la promotion des jeunes entrepreneurs en suscitant l’intérêt des membres de la communauté locale en vue de souscrire, comme investisseurs, sur une prise d’actions dans les nouvelles structures économiques créées.
Cette organisation est parvenue à utiliser des stratégies du marketing digital en lançant une campagne sur les réseaux sociaux pour l’inscription des jeunes possédant une idée d’entreprise ou une jeune entreprise en phase de démarrage à travers un formulaire publié sur son site web : www.startuprdc.com
Pour viabiliser sa méthode et rendre bancables les plans d’affaire reçus de nombreux candidats, l’organisation a scellé des alliances d’appui technique, notamment avec la firme de conseil en audit et management KPMG et quelques institutions d’enseignement supérieur locales, à qui a pu se joindre en dernier lieu l’Office de Promotion des Entreprises au Congo (OPEC).
Comme résultat, elle a pu obtenir une sélection de 21 lauréats issus des auditions faites par un jury d’experts venant des institutions avec lesquelles les organisateurs ont établi des accords de coopération.
Des projets clés en main et une communauté d’investisseurs prêts pour la grande sortie du 26 novembre.
La sélection de 21 lauréats présente une diversité des offres à mettre sur le marché par ces jeunes entreprises compte tenu de leur répartition en 6 secteurs d’activités, notamment : les services, les nouvelles technologies, l’agriculture, l’environnement et le développement durable, l’industrie électromécanique et enfin, les services financiers. Tout en notant que les créateurs de ces jeunes entreprises viennent de 3 grandes villes de la région : Lubumbashi, Kolwezi et Likasi.
Convaincue du modèle innovant qu’a apporté l’organisation pour le développement et la diversification de l’offre commerciale du tissu économique local, la Chambre de Commerce Belgo-Congolaise-Luxembourgeoise de Lubumbashi en a saisi la valeur jusqu’à intéresser ses membres à appuyer ce modèle d’investissement communautaire, lors d’une intervention orale du Consul du Royaume de Belgique, à Lubumbashi à l’occasion d’une réunion ordinaire de cette Chambre de commerce.
Outre la participation des membres de ladite Chambre de commerce, les organisateurs de l’événement Startup Connect ont par ailleurs recouru au financement des entreprises locales pour le lancement d’une campagne de communication publicitaire sur l’événement en vue de sensibiliser la communauté à participer à son rendez-vous du 26 novembre 2015 et à investir pour l’avenir de tous, par la promotion de l’entreprenariat.
De la sorte, Startup Connect s’attend à faire sa première levée des fonds de la part de la communauté et au profit de jeunes entrepreneurs à Lubumbashi, ce 26 novembre 2015, au sein du Centre ARRUPE pour la Recherche et la Formation (CARF).