C’est l’un des artistes rd-congolais qui regorge un don d’ubiquité. Meschack Kadima, chanteur, dessinateur, auteur-compositeur et entrepreneur, se fraye, depuis un certain temps, un passage remarquable. Son côté interpellateur voire hilarant dans ses oeuvres, fait de lui un personnage unique, qui inspire le respect aux yeux du monde.
Grâce à son expérience assidue, M. Kadima a su donner sa touche particulière à la peinture rd-congolaise et continue à nourrir de nouvelles ambitions pour son éclosion à l’échelle mondiale. Dans un entretien, cet artiste explique sa démarche, sa source d’inspiration, ses motivations…sa technique.
Vous êtes artiste chanteur, peintre et dessinateur, mais aussi en vie amoureuse. Comment gérez-vous votre temps?
Certes c’est beaucoup ! On dit quand Dieu donne une vision, il donne la provision. Il m’a donné les outils pour bien gérer la chose. La seule chose que je sais que je ne fais pas c’est être dans les choses futiles qui vont me faire perdre du temps. Le temps est là et je fais le sacrifice à donner l’importance à tout ce que j’aime et à sortir le meilleur résultat de moi-même.
Entant que dessinateur, vous avez des oeuvres mémorables et grandioses dont votre fresque qui montre les souffrances de deux enfants dont l’un portant les couleurs de la Rd.Congo transportant l’autre dans son dos a traversé les frontières et a même été vendue aux enchères. Avez-vous quel ressentiment de produire une oeuvre qui soulève tant d’émotions ?
C’est naturel ! Vous dites Dieu merci c’est tout. Quand je crée, la première procédure personnelle, c’est de ne pas me focaliser sur le buzz ou sur l’argent que je vais gagner après ou sur le succès que l’oeuvre va porter. Moi je me concentre beaucoup plus sur le plaisir que je ressens au moment présent quand je fais ma création, sur ce que je suis censé transmettre comme émotion. C’est ça le plus important, mais tout ce qui vient après, ce ne sont que des bonus. Je me dit wow! Je ne m’attendais pas à ça mais c’est arrivé, Dieu merci. La seule chose c’est une gratitude, une fierté et remercier Dieu pour faire partie de ces artistes dont les créations font passer un message important, je pense que c’est l’essentiel.
Vos œuvres sont souvent interpellatrices mais en même temps très comiques. Où puisez-vous toutes vos inspirations?
Comme je l’avais dit, c’est Dieu qui donne la provision. Personnellement quand je m’assois, je ne calcule pas quand je dois faire exprès ou faire rire. Ça vient naturellement. Très souvent je m’inspire de ce qui se passe dans la société. Ce sont des choses qui arrivent comme ça, c’est naturel. Ça fait partie des choses que Dieu a mis en moi et je transmets le message comme ça et ça fait rire les gens.
De plus en plus votre intérêt est axé vers la peinture et le dessin. Cela veut dire qu’en musique, rien ne marche ?
Je suis l’artiste. Je suis peintre, je chante, je peux faire tous ces éléments-là, tout ne peut pas se faire au même moment. Aujourd’hui, que je le veule ou pas, c’est le peintre qui est mis en avant. C’est Dieu qui sait dans quoi il veut utiliser la personne. Ce n’est pas dit que si aujourd’hui je suis plus dans le dessin, que je ne chante pas, que je n’écris plus. Non j’écris chaque jour, j’ai des compositions, c’est peut-être le moment de les sortir. Entant que son instrument, Dieu sait dans quoi il veut m’utiliser le plus. Il sait quel est l’apport que je suis censé donner aujourd’hui. Faire du succès dans le dessin s’avère très difficile que faire du succès dans la musique. C’est Dieu qui décide dans tout, quel est le domaine qu’il devrait construire. Ce n’est pas que j’ai abandonné de chanter, ça fait partie en moi, je n’ai pas laissé la musique. Sans la musique, je ne serai pas le dessinateur que je suis aujourd’hui. Je suis le dessinateur que je suis aujourd’hui, j’étais engagé à Pygma où j’ai appris beaucoup de choses parce-que j’étais chanteur à Best Of the Best.
En RDC, la vente d’un ou plusieurs tableaux n’est pas une mince affaire. Cependant, nos enquêtes démontrent que vous avez une part du marché. C’est quoi votre secret ?
Ce n’est pas moi, c’est Dieu. C’est lui qui certifie, c’est Dieu qui donne une mission à une personne. Je n’ai pas de manager, pas de producteur. Mon manager à moi c’est Dieu, c’est lui qui m’a donné le talent, c’est lui qui me donne le message que je suis censé donner dans les tableaux, c’est le même Dieu qui se charge à me donner le marché. Ce n’est pas un diplôme, ce n’est pas un papier, ce n’est pas un trophée qui me positionne. C’est le talent qu’il m’a donné et moi je travaille sérieusement. Le secret c’est aimer mon travail, chercher à innover, à vouloir une nouvelle façon d’innover, mais c’est Dieu qui est derrière.
Musicalement, comment se présente votre discographie à l’heure actuelle ?
Il y a « Il faut na tika » qui était sorti en 2015, il y a eu « Kajinga », il y a eu « Est-ce que naza obligé », il y a eu « Mwasi ya mwindu », il y a eu « Amen », il y a « Toko lia », il y a au-moins 6 titres.
Que prévoyez-vous pour les prochains jours?
Pour les prochains jours, il y a plusieurs créations. Je ne peux dire forcément changer, je dis aller dans une nouvelle directive que j’ai toujours eu mais avec beaucoup plus de fonctions. Si tu remarques, la majorité de mes thèmes, il y a toujours un côté interpellateur, je suis toujours social.
Professionnellement et socialement, l’artiste rd-congolais ne vit pas de son art suite au manque d’une vraie société de droits d’auteur et des structures d’accompagnement. Quel message adressez-vous à vos collègues, au gouvernement et aux parlementaires?
Le congolais doit consommer l’art congolais. Le congolais on ne l’a pas appris à consommer congolais, tout vient de l’extérieur. Le cerveau du congolais est à l’extérieur. Il faudra ramener le cerveau du consommateur congolais au pays.
Quels sont vos projets pour l’avenir, surtout pour les jeunes rd-congolais qui rêvent de devenir un jour comme vous?
Construire un centre de formation dans la peinture, faire plus d’expositions dans le monde, ramener encore plus loin notre culture, chanter, créer de nouvelles institutions avec de nouvelles technologies, former plus de jeunes qui n’auront peut-être pas le moyen d’aller dans de grands centres académiques, mais d’apprendre et devenir de grands artistes, contribuer au rayonnement de la culture congolaise dans le monde.
CHADRACK MPERENG