C’est une scène presque surréaliste qui a sans doute viré à l’histoire. Alors que la ville de Goma au Nord-Kivu était secouée le samedi 22 mai 2021 par la terrible éruption volcanique du Nyiragongo, Don Juan Masudi, un jeune artiste photographe, bravait la lave de la catastrophe. Un acte courageux qui lui a valu une renommée monumentale notamment sur les réseaux sociaux.
Passionné par la photographie, le jeune gomatracien a privilégié la dimension artistique, malgré l’Épée de Damoclès qu’il a pu du moins surmonter. Il a répondu en exclusivité aux questions d’Eventsrdc.com. Entretien.
Vous vous êtes démarqué en bravant la peur pour prendre en photo les bons angles de l’éruption volcanique à Goma. Qu’est-ce qui vous a vraiment motivé ?
En tant qu’artiste photographe qui aime sa patrie et qui devra la servir, je voulais écrire l’histoire qui sera racontée dans le temps à travers des images vraies et réelles sur terrain à la différence des images fausses qui circulent sur les réseaux sociaux. J’étais aussi dans un combat contre la désinformation.
En s’approchant de l’éruption, quelle était votre mot d’ordre ?
Je me suis juste décidé d’y aller en faisant vraiment très attention à moi-même et à celui avec qui j’étais, mon frère.
Puisque vous étiez très proche des laves, combien de photos avez-vous pioché et votre appareil n’est-il pas endommagé ?
Des photos il y en a plusieurs que j’ai prises. Celle où les laves étaient entrain de brûler. Des photos sont là et mon appareil n’a eu aucun problème.
Avec ces rares photos de l’éruption à votre possession, vous vous dites que vous aviez de l’or dans vos mains ?
Je ne dirai pas exactement de l’or mais ces images sont très précieuses, une juste valeur à cause de l’histoire qu’elles rencontrent.
Vous n’étiez pas seul sur le lieu. D’autres de vos collègues étaient bien présents. Quel message vous pouvez leur transmettre pour avoir bravé la peur d’être envahi par la lave, le gaz et autres effets volcaniques ?
Partout où je suis passé la nuit du samedi à dimanche pendant que les laves coulaient, j’étais juste avec mes deux frères qui m’assistaient et me facilitaient le déplacement rapide. Je n’ai pas rencontré un autre collègue, certainement qu’ils étaient ailleurs.
Je sais qu’il est meilleur de devenir artiste photographe qu’un photographe tout court. La dimension artistique est vraiment importante à la photographie. Cela pousse à se surpasser et à vaincre la peur. L’artiste sait lire les évènements et les réponses qu’il y apporte prouvent son savoir-faire.
À ce jour, vous êtes en vogue à Goma et à travers le monde. Comment vous gérez le succès (rire) ?
Je suis très étonné par ce qui se passe. Je ne cherchais pas le succès mais j’avoue quand même que je suis comblé de joie parce que l’histoire se raconte différemment maintenant avec mes photos. Je prie Dieu que cette occasion ne soit pas celle de surestimation. Merci à tous ceux qui ont également partagé mes photos, c’est grâce à eux que tout ceci a été possible.
Pensez-vous que le métier de photographe perd un tout petit peu sa place avec l’avènement des téléphones beaucoup sophistiqués ?
Je ne pense pas vraiment parce que moi-même j’utilise ces genres de téléphone. Je sais qu’ils sont limités parce qu’il y a de moments où des appareils professionnels peuvent bien faire le travail. C’est là que la dimension artistique revient en jeu parce que de fois je peux prendre une photo avec mon téléphone, le niveau artistique qui en découle peut faire la différence.
Ne craignez-vous pas les maladies respiratoires dans le futur ?
Beaucoup de métiers sont à risque. Mais il y a des métiers qui sont vraiment risquant, on doit seulement travailler et laisser à Dieu le reste.
Comment vous vous êtes retrouvé dans ce métier de la photographie ?
J’ai commencé la photographie vers la fin de 2017 où à mon Église, un frère était dans les multimédias et m’avait donné son appareil photo qu’il n’utilisait plus. Il avait cru en moi depuis le début, je lui dis merci. En 2018, j’ai eu à couvrir beaucoup d’événements qui m’ont donné l’envie de quitter mon métier de prédilection de graphic designer. En mai 2019, j’ai vraiment abandonné le boulot que je faisais pour entamer une carrière professionnelle dans le Weeding photograpy.
Un message à tous les admirateurs de vos œuvres photographiques et la population de Goma qui est secouée par cette éruption volcanique
À la population de Goma, ne craignons pas, gardons espoir parce que Dieu est avec nous. C’est dans des moments pareils que nous sentons sa présence. Il y a une photo qui m’a touchée, celle que j’avais prise montrant une maison qui ne s’était pas brûlée alors que la lave s’était arrêtée juste devant elle. Cette image veut dire que Dieu est avec nous malgré tout ce qui se passe. J’invite les autres à partager le cœur de Dieu et venir en aide à ces familles touchées. À ceux qui admirent mes œuvres, merci parce que vous avez cru en moi. Merci à toute votre rédaction.
(Ré) écoutez en Podcast le récent passage de passage Don Juan sur Eventsrdc FM
ETIENNE KAMBALA
CHADRACK MPERENG