Les journalistes sont-ils appelés à applaudir et valider tout ce que font ou déclarent les détenteurs du pouvoir ? Doivent-ils se transformer en flatteur invétérés ? En Afrique en générale où la démocratie est balbutiante depuis des décennies et en Rd-Congo singulièrement la liberté de la presse ou d’opinion est toujours sujette à débat. En vrai, il n’existe pas une véritable démocratie sans liberté de la presse.
Entre tumultes, agressions, abus, emprisonnement et fermeture des médias, le journaliste est toujours appelé être objectif et impartial. En 1993, l’Assemblée Générale des Nations Unies déclarait le 3 mai Journée Mondiale de la Liberté de la Presse. Cela, pour reconnaître son importance dans le monde et encourager les gouvernements à faire en sorte que la liberté de la presse et de médias indépendants soient respectée.
En Rd-Congo, depuis la première république jusqu’à nos jours, le nombre d’arrestations des professionnels de médias et d’atteintes à la liberté de presse est remarquable et toujours inquiétant. Le pays vit depuis toujours avec cette crise.
Remontons le temps, à l’époque du Zaïre avec le président Joseph Mobutu, où toute critique en la personne du président et des barons du régime, des institutions et du parti, fut interdite. Il y eut à cette époque, des lois abusives utilisées pour emprisonner ou réduire au silence les journalistes qui osaient s’en prendre aux responsables gouvernementaux. En guise d’exemple : l’article 53 du code pénal de l’époque prévoyait que les déclarations du président ne pouvaient donner lieu à aucun débat. Plusieurs dispositions du code pénal limitaient la liberté de la presse.
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En vertu de ces dispositions du code pénal, le ministère de l’information et les services de sécurité ont exercé une censure permanente et implacable sur la presse. Celle-ci entièrement subventionnée par l’état, devait refléter la pensée unique de Mobutu. Pendant toute cette période, les « Unes » des journaux se ressemblaient où la photo du président de l’époque Mobutu était devenue omniprésente. Devenue une véritable caisse de résonance des idées et des opinions du parti en place, la presse libre cessa d’exister au Zaïre. Il a fallu attendre 1981 pour voir une petite avancée sur le plan de la liberté de la presse.
A l’ère Des Kabila (Père et Fils), le changement se remarque à peine. Laurent Désiré Kabila se caractérisera par la restriction des libertés. La liberté d’expression et la circulation de l’information étaient entravées par des censures et des saisies. Les arrestations et les emprisonnements des journalistes pour atteinte à la sûreté de l’État n’avaient rien changé par rapport aux pires années du mobutisme.
La situation déjà fragile de la liberté de presse était ébranlée lors des attaques des troupes de rebelles soutenues par les rwandais à l’est de la Rd-Congo. Des restrictions et emprisonnements ordonnés par l’État ainsi que des menaces et attaques par les rebelles ont limité la pratique du journalisme indépendant. C’est dans ce contexte de persécution et d’atteinte à la liberté d’expression, que l’ONG Journaliste en Danger –JED- a vu le jour.
Quant à Kabila fils, durant son règne, la presse est restée encore pendant cette période liée aux grandes personnalités politiques. A en croire les organismes tels que Journaliste en Danger, Organisation des médias d’Afrique centrale –OMAC- et Reporters Sans Frontières – RSF-, la personne du journaliste et son travail n’étaient pas encore sécurisés.
La situation de la liberté de la presse de nos jours
Pendant que l’actuel président de la Rd-Congo Félix Antoine Tshisekedi s’apprêtait à célébrer le 24 janvier dernier le 1 an de son accession au pouvoir, JED de son côté, avait dressé un bilan de la liberté de la presse sous l’ère Tshisekedi. Dans ce rapport intitulé « Le bilan inquiétant de Tshisekedi sur la presse », JED recense près d’une centaine de cas d’atteinte à la liberté de la presse.
Alors que dans son discours d’investiture, Felix Tshisekedi avait promis de faire de la presse rd-congolaise « un véritable quatrième pouvoir » et de sensibiliser les forces de sécurité sur le respect de la presse et du travail des journalistes, dans des régions est du pays, les journalistes et médias vivent dans un climat de terreur causé par des groupes armés.
Dans cette liste d’atteintes JED note notamment : l’assassinat du journaliste Papy Mahamba Mumbere, journaliste de la radio communautaire de Lwemba en Iturie, au nord-est de la Rd-C ; 41 cas de menaces soit d’agressions des professionnels des médias dans l’exercice de leur profession ; 35 cas d’entraves à la liberté de circulation de l’information ou censures aux médias et aux journalistes, pour ne citer que ceux-là.
Ces différents cas d’atteinte amènent à croire que la liberté de la presse n’est pas encore chose acquise en République Démocratique du Congo.
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GLODY NDAYA