En Afrique et précisément en République Démocratique du Congo, la présence des femmes dans les nouvelles technologies est encore minime. Au milieu d’une présence masculine dominante dans ce secteur en pleine explosion, il en existe des femmes innovatrices et prêtes à booster les autres à emboîter les même pas. C’est le cas de Ancila Nsimire Shabany, passionnée du numérique et fondatrice de la structure « Femme au cœur du numérique » à Goma à l’Est de ce pays continent.
A l’occasion d’un échange avec notre rédaction Eventsrdc.com, Nsimire Shabany a nourri l’ambition de voir une Rd-Congo où les femmes aussi bien que les hommes impacteraient dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Pour ce faire, dit-elle, il faut qu’il y ait au niveau national des initiatives d’organisation des cohortes qui initient les femmes dans les nouvelles technologies, question d’éveiller la femme en cette matière. Entretien.
En tant qu’actrice tech, quelle lecture faites-vous du secteur numérique rd-congolais ?
Le numérique en Rd-Congo se présente comme un escalier. Avant, on n’en connaissait rien. Rien ne se faisait de manière automatique, mais aujourd’hui, le numérique nous apporte un changement positif du jour au lendemain. Le numérique nous a appris qu’il y existe encore différents services que ce que nous connaissions autrefois. Les nouvelles technologies arrivent à changer les habitudes dans notre pays.
Le secteur numérique rd-congolais est sans nul doute dominé par la présence masculine que celle féminine. Vous en tant que femme évoluant dans ce secteur, comment expliquez-vous cela ?
C’est parfois l’entourage qui décourage la plupart de femmes. Surtout, avec un domaine tel que le numérique qui demande une tête bien faite, plusieurs femmes se mettent des limites dans leur tête, en pensant ne pas être à la hauteur. Pourtant, tout comme l’homme, la femme est aussi capable de tout. Le doute et le manque d’estime sont très souvent à la base de la faible présence des femmes dans le secteur du numérique en Rd-C.
A votre avis, à qui revient cette responsabilité ?
La femme est la seule responsable de cette réalité. Les seules barrières qui existent sont en fait dans la tête de la femme. Une fois que les femmes pourront briser ces idées négatives, les choses changeront.
D’une manière concrète, quelle initiative devrait-on prendre pour que les femmes s’impliquent réellement dans les nouvelles technologies ?
Il nous arrive de prendre part à des cohortes et nous faisons parfois partie de plusieurs communautés initiées par les étrangers. Je pense que l’idéal serait de créer nos propres communautés qui initient les femmes dans le numérique. Sous d’autres cieux, nous le voyons, il existe plusieurs organisations qui initient les femmes dans le domaine du numérique ou des nouvelles technologies. Très souvent, la Rd-C ne fait que bénéficier des initiatives étrangères.
Je prends l’exemple de Woman Tech Network, une cohorte qui a rassemblé plusieurs femmes du monde évoluant dans le numérique, mais hélas, il n’y avait que deux rd-congolaises dont une était de la diaspora. Comment imaginer cela dans un grand pays comme le nôtre ? Je pense qu’il faut qu’il y ait au niveau national des initiatives d’organisation des cohortes qui initient les femmes dans les nouvelles technologies, question d’éveiller la femme en cette matière.
Existe-t-il des associations de femmes évoluant dans le numérique en Rd-C ?
S’il en existe, on n’en remarque pas l’ampleur. Sinon, nous aimerions nous y joindre. Mais il y a quand même certaines structures qui organisent des activités qui initient les femmes dans le numérique, mais l’impact n’est pas toujours remarquable. En ce sens, j’ai une fois participé à une activité organisée par l’Institut français intitulée « La Femme au cœur de la technologie », durant quatre jours.
Personnellement, je n’en avais pas tiré grand-chose. Il y a aussi l’ONU Femme qui a organisé à Kinshasa, une cohorte pour l’encadrement des jeunes filles dans le domaine du numérique. C’était une offre intéressante, mais hélas, elle ne s’est limitée qu’à Kinshasa. D’autres provinces n’en bénéficient pas.
Selon votre perception, comment imaginez-vous l’avenir du numérique rd-congolais ?
Si aujourd’hui en Rd-C, le numérique est dominé par les hommes que les femmes, dans les jours qui viennent les choses vont changer. Chaque jour, les femmes comme moi, nous battons pour que ce secteur ne soit pas dirigé que par des hommes. Dans l’avenir, les femmes et les hommes seront à la tête de ce secteur.
J’en profite pour rappeler aux femmes que nous sommes capables de tout faire. L’avenir nous appartient, chacune est dirigeante de sa vie. Quels que soient les obstacles, il faut continuer d’avancer.
Un mot aux professionnels des nouvelles technologies qui liront cette interview ?
Je les encourage beaucoup. Le numérique ou les nouvelles technologies sont vraiment riches. Moi, personnellement, je gagne de l’argent avec mon métier de designer. J’arrive à tout faire en ligne et c’est juste au niveau de la livraison qu’il y a un contact physique. Avec le numérique, nous pouvons gagner de l’argent sans faire trop de mouvement. Voilà pourquoi, j’encourage les professionnels du numérique. Continuons d’avancer ensemble pour atteindre un objectif commun et pour le bien de notre pays.
Êtes-vous convaincue que d’ici 2025 comme le stipule le plan national du numérique, la Rd-C connaîtra des avancées significatives qui impacteront positivement son développement ?
Oui, je crois que ce plan d’ici 2025 fera avancer beaucoup de choses dans notre pays. Cela nous donne déjà une image positive de comment seront les choses d’ici 2025. Nous le voyons déjà peu à peu avec certaines initiatives à l’instar de celle des cartes biométriques.
Et, je demande aussi aux femmes d’avoir une nouvelle manière d’appréhender les choses pour l’amélioration et le changement de notre pays.
GLODY NDAYA