Au delà de ces réalisations socio-économiques visibles à travers le pays, la Primature de la République Démocratique du Congo s’est décidée de donner un coup de pouce au monde scientifique du pays. Elle a, cet effet, publié le numéro 1 de la Revue Congolaise de Politique Economique (RCPE). Le vernissage a eu lieu ce 19 mai 2015, à 10h00’, au Jardin des Premiers Ministres de cette institution, par l’actuel Augustin Matata Ponyo Mapon, en présence de plusieurs personnalités ainsi que de la presse nationale.
Cette revue qui contribue à l’enrichissement des réflexions scientifiques dans le domaine économique en République Démocratique du Congo est une initiative de Matata Ponyo, matérialisée par les experts de la Primature. Elle est préfacée par lui-même et l’avant-propos est signé par son Directeur de Cabinet José Sele Yalaghuli. Le thème de ce premier numéro porte sur la vulnérabilité économique et la résilience. « La particularité de cette revue scientifique produite par le staff de la Primature est qu’elle se veut être un trait d’union entre la science académique et les politiques publiques. L’ambition de cette initiative est d’offrir un cadre d’échanges qui puissent découler de l’interaction entre les théories économiques et les contraintes de la mise en œuvre des politiques publiques pour le développement », a déclaré Augustin Matata Ponyo –Premier Ministre de la Rd-C. « Qu’elle aide à la conception et la mise en œuvre des politiques économiques en RDC, et pourquoi pas dans d’autres pays du monde. Mon souhait ardent serait qu’elle puisse nourrir la réflexion sur les questions de développement économique de notre pays et qu’elle serve aux étudiants, chercheurs en économie et aux décideurs », a-t-il rajouté.
Pour bien éclairer les invités et l’opinion à travers les médias, le Directeur de Cabinet Adjoint Vincent Ngonga Nzinga a résumé ce livre en commençant par définir les deux grands termes exploités dans le thème, à savoir, la vulnérabilité et la résilience. Le premier mot est un ensemble des conditions qui prédisposent une économie à la crise. Il a pris comme exemple, une économie disposant d’un secteur extérieur exposé à la volatilité des cours de matières premières est dite vulnérable. En cas d’effondrement de cours, le risque est grand pour que l’économie bascule dans la crise. Tandis que le deuxième est la meilleure façon de mitiger le risque. Elle se définit aussi comme la capacité d’une économie à résister à un choc négatif, mieux à rebondir après ce choc. Pour Vincent Ngonga, toute économie qui croit et qui se développe doit être résiliente. Une économie qui veut devenir émergente doit d’abord être résiliente.
Il s’est également attardé sur les deux conditions qui fondent la résilience :
– une condition de court et plus ou moins moyen terme, considérée comme nécessaire, à savoir la stabilisation macroéconomique. Dans ce cas, il est question de résilience de premier ordre ;
– une condition de moyen et long terme, considérée comme suffisante, à savoir la transformation économique. Dans ce cas, il est question de résilience de second ordre.
Pour Vincent Ngonga, la stabilisation macroéconomique est la construction de la fondation d’une maison. Elle peut être définie à partir de trois éléments :
– une inflation faible et maitrisée ;
– l’absence d’un risque de faillite systémique du secteur bancaire et financier ;
– une position extérieure viable.
S’agissant de la transformation économique, elle se définit à partir de cinq éléments :
– la diversification économique, le fait de reposer l’économie sur un large éventail d’activités de production des biens et services ;
– la compétitivité des exportations, à partir d’un rapport favorable qualité/prix ;
– la productivité manufacturière et agricole ;
– la technologie basée sur l’innovation ;
– l’amélioration du bien être.
Il a rajouté que le levier de la transformation économique reste l’industrialisation. La transformation économique s’accompagne de l’amélioration de la bonne gouvernance, de la qualité des institutions et des réformes, de la qualité du capital humain. Elle suppose la résolution des déficits en matière énergétique et d’infrastructures, mais aussi, la réforme des entreprises publiques, la réforme de l’administration publique pour réduire certaines externalités négatives qui pèsent sur la compétitivité du secteur privé. « La résilience obtenue au moyen de la stabilisation, c’est bien. Mais la résilience obtenue au moyen de la transformation économique, c’est mieux », a souligné Vincent Ngonga. De poursuivre : « D’une moyenne de 6,1% entre 2004 et 2008, la croissance de l’activité est passée à 2,8% en 2009. Elle va rebondir, entre 2010 et 2014, se situant à une moyenne de 7,8% l’an. L’économie congolaise fait mieux que résister, elle rebondit et progresse ».
La République Démocratique du Congo remplit actuellement les conditions de la résilience de premier ordre. Elle est au début de la réalisation des conditions de second ordre avec les politiques sectorielles et les réformes qu’entreprend actuellement le gouvernement. Prenant la parole, le Professeur Tshunza Mbiye que l’exécutif national construise une académie scientifique où tous les grands cerveaux se rencontreront pour penser sur le futur de la Rd-C.
Rappelons que la RCEP est une plateforme de réflexions pour apporter la matière à l’opinion. Elle est non-partisane. C’est-à-dire qu’elle est au dessus des considérations politiques, mais aussi, au dessus des considérations doctrinales. Elle touche également tous les secteurs de la vie quotidienne de la Rd-Congo.
« La Primature est prête à recevoir vos analyses, et aussi, vos articles pour le prochain numéro », a annoncé le Directeur de Cabinet du Premier Ministre.
CINARDO KIVUILA