Depuis un moment, Kinshasa connaît une floraison des photographes jeunes, dynamiques et totalement dévoués à l’art pictural. Certains sont visibles dans des carrefours avec des photos instantanées ou livrées à la minute alors que d’autres sont à l’affut des événements organisés dans divers endroits de la capitale.
Autres temps autres mœurs. La photographie a, jadis, été une affaire des studios ou de quelques rares personnes qui se faisaient identifiées dans leurs environnements immédiats pour avoir plus des sollicitations. La plupart de studios étaient situés dans des communes très attractives et des carrefours. A l’instar de Photo Guy, situé jusqu’à ce jour, sur le Boulevard du 30 Juin, Fuji Photo à Gombe, Photo Rossy à Victoire, Photo Santos et Photo Less à Bandalungwa.
La photographie d’alors s’est caractérisée par des films contenant des pellicules à insérer dans des appareils et qui par la suite étaient développées dans des laboratoires à chambres noires.
Vers les années 2005, la donne a changé avec l’avènement des téléphones intégrant un appareil et une mémoire ou un espace pour abriter une carte mémoire ou SD. Cela a suscité dans le chef des Kinois l’envie de photographier son prochain et de se pointer dans un laboratoire pour développer ses captures. « Nous préférions prendre des photos avec nos appareils parce qu’ils ont tout ce qu’il faut pour produire des images de qualité. Pour les imprimer, nous nous dirigions vers des studios situés au Centre-ville », a déclaré Charlène Bokanga, étudiante en journalisme à l’IFASIC.
Dès cet instant, les photos passeport sont restées le seul produit à même de rapporter du lucre dans les caisses des studios professionnels. Pendant ce temps, les studios circonstanciels s’offraient de l’argent lors des festivités de fin d’années. Malgré cela, certains jeunes s’intéressaient à cet art, suivaient des formations pour aiguiser leur connaissance en la matière, pendant que d’autres se sont forgés comme autodidactes à partir des critiques de leurs proches et des manuels.
L’évolution de la technologie pour les appareils cellulaires a fait croire à nombre de personnes qu’avec le temps, le métier de photographe n’existerait plus. Raison: tout le monde sait comment immortaliser ses moments les plus précieux en se photographiant à partir de son smartphone. « Dans le passé, cette profession nous souriait, surtout lors de la fête du Cinquantenaire en 2010, de la Francophonie en 2012 et de l’aménagement des carrefours avec des jets d’eaux. Maism depuis l’apparition des téléphones androïd, des tablettes et autres appareils semi professionnels, notre bourse a chuté. Parfois, nous nous retrouvons avec mois de dix dollars par jour, alors que nous gagnions plus que cela », a avec regret fait savoir Camille, photographe de la place Kintambo Magasin.
Alors que l’on craignait le pire, voici que le temps a fini par démontrer que le métier de photographe n’est pas prêt à disparaitre en dépit de la concurrence lui imposée par des téléphones sophistiqués construits chaque année par les entreprises de ce secteur. Des jeunes ont pris d’assaut ce secteur et sont en train d’œuvrer pour lui redonner ses lettres de noblesse. « C’est quotidiennement que le nombre de photographes jeunes s’accroît dans la ville de Kinshasa et dans d’autres provinces de la Rd-Congo. Après observations, je conclu qu’ils sont toujours à la recherche de la perfection. Ce qui est bon pour tout artiste qui aimerait se fidéliser avec une clientèle, élargir son marché et viser les grandes rencontres », a constaté Josué Mulamba -réalisateur et producteur audiovisuel indépendant.
A Canon comme à Fuji Photo, les travailleurs avouent qu’il est difficile que leurs entreprises ferment les portes. Car, au quotidien, ils évoluent avec la vitesse technologique. « Nous sommes toujours au centre du métier de la photographie. Nous apprenons et nous adaptons aux métiers connexes qui entourent cet art entre autre les logiciels visuels tels que Photoshop, Illustrator et Corel pour répondre aux différents problèmes de nos divers clients. Je cite les photographes professionnels et ambulants, ainsi que les particuliers. Nous traitons et montons des photos pour répondre à leurs besoins », a dit Kanga, agent à Canon.
Quant à la qualité des photos prises, cet art n’admet pas n’importe quel résultat. Car, il est une émanation du beau et du goût. « Une ou plusieurs photos mal prises ou réalisées choquent les clients et peut même occasionner plusieurs dégâts », a lâché Fabrice Pukuta, photographe à Fabrice Reporter et Eventsrdc.com. Et de poursuivre : « En dehors du talent ou de la formation, la photographie exige une bonne aptitude en relations publiques et la discipline. Au cas contraire, c’est l’escroquerie qui caractérise le photographe. Cet art nourrit et ouvre plusieurs portes. Le photographe rencontre tout le monde n’importe où et n’importe quand. Il accompagne l’humain de la naissance à la mort ».
La photographie est l’une de rubriques que tout expert en événementiel ne peut pas oublier dans son projet ou dans son budget. Sans photos, l’on ne parlera pas de l’événementiel et de la production audiovisuelle. La notion de l’immortalité, de l’expression et du souvenir sont les maîtres mots de cet art.
CINARDO KIVUILA