RDC-Média: La radio-télévision nationale congolaise RTNC en perte des valeurs

Un programme alléchant avec des animateurs de qualité, telles sont les attentes des téléspectateurs pour la Radio Télévision Nationale Congolaise, RTNC, d’autant plus que la télévision reste le divertissement de prédilection des congolais, contrairement aux réseaux sociaux dont l’essor tardent à exploser pour des multiples raisons; à savoir le coût de l’internet à Kinshasa et les exigences politiques du pouvoir en place qui y exercent une censure accrue. Où est passée la télévision nationale congolaise d’antan ? La question revient souvent dans les lèvres de certains observateurs.

 

Actuellement, le petit écran n’offre presque plus le contenu alléchant. L’on se souvient toujours de la télévision nationale, vers les années 1980, bien qu’étant sous l’égide de la dictature de Mobutu, n’est, en aucun point de vue, comparable à celle d’aujourd’hui où l’excellence dans le travail est loin de la réalité.

 

L’on note jadis, les agents de la RTNC, OZRT de l’époque, travaillaient avec les moyens de bord mais le contenu de programme et la qualité des animateurs avaient un niveau supérieur à la supercherie actuelle. Des journalistes taillés sur mesure, des animateurs assortis, formés par des experts du studio école, pour ne citer que ça.
L’on se souviendra des noms tels que Kwebe Kimpele, Lumbala Kapasa ou Kasongo Mwema, des véritables professionnels de médias qui ont fait le beau temps de la fameuse chaîne nationale congolaise. L’on se rappelle également des journalistes et animateurs de la trempe de Lukunku Sampu ou Lutu Mabangu. Cette liste n’est pas exhaustive. Des figures légendaires du paysage audiovisuel congolais dont le métier n’avait aucun secret, avec un savoir faire hors paire.

 

Cette réalité pousse plus d’un citoyens congolais à l’interrogation sur la relève, alors qu’au fil des ans, on a vu défilé des profils de journalistes non pas de moindre, mais qui, la politique a fini par s’y ingérer et les effacer carrément de la scène médiatique congolaise. Cela ne se passe qu’à la chaîne nationale où s’applique le fameux adage : « Celui qui n’est pas avec nous est contre nous».

 

Quand les antivaleurs remplacent les bonnes mœurs

Ce n’est pas un secret de polichinelle dans des pays africains de voir le régime en place avoir une main mise à la télévision nationale. Cette loi s’applique aussi en RDC, mais d’une manière presque insoutenable où cette mauvaise réalité dépasse les limites alors qu’elle devrait ne serait-ce faire semblant de la démocratie de par son appellation.
D’après la répartition du pouvoir depuis la dernière élection présidentielle de 2011 en RDC, la direction de la RTNC revient à la Majorité présidentielle cogérée simultanément entre le PPRD, parti de l’actuel président, Joseph Kabila et le CCU, parti cher à Lambert Mende, actuel ministre de la Communication et Médias et porte parole du gouvernement.

 

Ce dernier, pour assurer son hégémonie, a su évincer l’ancien Directeur Général de son poste en vue d’installer à sa guise les siens. La fulgurante ascension de l’actuelle Directeur Général a.i Nicole Dibambu et d’autres recrues aux postes de commandement, illustrent bien cette fameuse pratique. La télévision nationale s’est transformée à une caste ou règnent également une tribu (les Tetela, origine ethnique de Lambert Mende) et les membres de son parti CCU. Une politique discriminatoire qui décourage et démotive les agents chevronnés qui ne remplissent pas ces critères.

 

La raison du plus fort étant toujours la meilleure- Quelle que soit sa forme et son fond, dit-on, une frange des agents de la RTNC se sont soit transformés en membres d’un des partis de la Majorité présidentielle pour ainsi bénéficier d’une promotion ou des avantages peu recommandés au métier. Au cas contraire, ils se voient réduit en néant. L’une des raisons certaines valeurs ne sont plus en vue à la télévision nationale. Ce, à tous les niveaux de la chaîne.
Pour mieux observer le niveau tant déplorer par plusieurs compatriotes, il suffit de regarder certaines émissions de la chaîne, entre autre celle présentée par l’animateur Lushima Ndjate. Ce dernier se donne à cœur joie le plaisir d’offenser et voir, insulter certaines personnalités de l’opposition et même celles du pouvoir qui essaient d’entrer en conflit avec la Majorité présidentielle.

 

Des licenciements abusifs
Où serait parti des animateurs d’envergure comme Chouna Mangondo, Doudou Nkunku et bien d’autres. Doudou Nkunku, par exemple, est le dernier qui continuait à faire le beau temps à la RTNC2 avec des concepts tels que « Escalator » ou « Samedi Relax »… qui ont explosé l’audimat de la deuxième chaîne nationale émettant à partir de Kinshasa. L’animateur vedette de la RTNC2 a subi toute sorte de traumatisme du genre blâme, suspension avec privation de salaire, interpellation par les services de renseignements… car n’ayant pas voulu adhéré au parti du ministre de tutelle ou trop visible pour gêner; au point de le remplacer avec une « barbarie administrative », apprend-on de certaines sources, par un autre qui a été déniché dans l’une des chaînes privées de la capitale avec tambours et trompettes. Ce dernier qui, en ce moment, ne serait plus en odeur de sainteté avec le ministre de la communication.

De gauche à droite, le chroniqueur Doudou Nkunku, le comédien Muyombe Gauche et la présentatrice Chouna Mangondo recevant leurs diplômes de mérite. Ph.Dr.Tiers

 

N’ayant trouvé ni l’or et ni le miel; il a fini par dénoncer les promesses fallacieuses qui lui ont été faites. Et pourtant, la plupart des agents de la RTNC formés et expérimentés sont victimes soit d’une mise en quarantaine ou des licenciements abusifs pour ne pas avoir voulu aliéner dans une dictature qui ne dit pas son nom.

 

Face à cette situation, comment les téléspectateurs pourraient espérer avoir un contenu soit qualitatif alors que ceux qui doivent concevoir et produire un travail de qualité sont mis à l’écart. Un travail de fond s’impose, suivi d’un toilettage. L’espoir n’est pas encore perdu pour redorer le blason de la télévision Nationale qui doit rester l’église au milieu du village.

DANNY KABANGA