La presse en ligne connaît un essor fulgurant en République Démocratique du Congo où les sites d’information se multiplient, malgré le faible taux de pénétration et d’accès à Internet. Le nombre d’internautes s’accroît de plus en plus par rapport à celui des téléspectateurs, des auditeurs et aussi des lecteurs des journaux en papier.
Dans une société hautement numérisée, la place du papier est sujette à un débat
Malgré la multiplicité de sites d’informations appelés également médias d’informations en ligne, les éditions de journaux en papier continuent encore d’exercer en République Démocratique du Congo. De même que pour les amoureux de la lecture des journaux.
Dans un bref entretien avec le patron du tri-hebdomadaire Africanews RDC, Achille Kadima, a estimé qu’il y a un bon nombre des gens qui trouvent plus facile de lire et retenir l’information sur papier. « Cette catégorie pense que lire l’actualité sur papier favorise une compréhension et une imprégnation profonde. Les plus nostalgiques font plus confiance aux nouvelles des journaux papier qu’à celles publiées sur les médias en ligne et les réseaux sociaux où la tendance aux Fake news est importante », a-t-il étalé.
De rajouter : « Plutôt que de parler du tirage, je préfère lancer le débat sur le pouvoir d’achat. Autant, la presse en papier souffre à cause du faible pouvoir d’achat du public autant la presse en ligne en patine. Difficile de s’offrir des journaux papier ou de s’abonner à un site tant que le problème des légumes ou du pain quotidien n’est pas encore réglé. Ceux qui font encore confiance aux journaux papier sont à rechercher et ont la propension maladive à imposer les prix. Le tarif fixé par la corporation n’est pas respecté. La faute en partie aux maisons de presse elles-mêmes. Nous essayons donc de nous adapter. Mieux vaut peu que rien. La publicité reste aussi fonction du tirage, du public ciblé, etc ».
« La presse en papier a une longue vie »
Pour le professeur des universités, Georges-Jérémie Wawa, la presse en papier reste une innovation qui ne disparaîtra pas aujourd’hui ou demain. « Des journaux existent, il y en a qui disparaissent et d’autres sont créés. Ce n’est pas parce que les journaux en papier connaissent une difficulté que l’on dira s’en est fini dans 5 ou 20 ans », a-t-il expliqué.
C’est dans la même lignée que le boss d’Africanews RDC, déjà cité ci-haut, a défendu la presse imprimée : « La presse sur papier a déjà résisté contre l’avènement de la radio et de la télévision. Malgré, le penchant relatif du public pour le numérique favorisé dans notre pays par le fait que la presse en ligne n’est généralement pas cryptée et donc quasi gratuite. Je suis d’avis que la presse sur papier a encore de beaux jours ».
De sa part, Pepitho Dialunda, fervent lecteur des journaux en papier, déclare sa fidélité à cette technologie pré-numérique par rapport à la qualité du métier. « Je signale que je suis journaliste. Dans nos entreprises médiatiques il y a des aînés qui maîtrisent les ABC du journalisme. Ils font le métier de bonne manière. En lisant régulièrement leurs journaux en papier, je perfectionne ma plume journalistique. J’ai une liste des journaux en papier du pays et de l’étranger que j’apprécie », s’est-il exprimé.
Selon Charly Mboyo, revendeur des journaux à la criée à Kintambo Magasin au nord-ouest de Kinshasa, la quantité de ventes des journaux n’est plus la même que les années antérieures.
« Dire que la façon de gagner est la même qu’il y a de cela 5 ans est complètement faux. Aujourd’hui, le nombre d’acheteurs de journaux est revu à la baisse. Nous avons une quantité réduite des clients. Les étudiants en journalisme achètent très rarement. Ils viennent nous que lorsqu’il s’agit de leur cours de presse écrite. Malgré cette situation qui nécessite une table ronde entre l’association nationale des éditeurs de journaux et notre association des revendeurs à la criée ou au kiosque, il y a quand même des rd-congolais et des étrangers qui continuent d’acheter et de s’abonner auprès de nous », a-t-il confié.
À la question de savoir si un jour, un type de médias disparaîtra, notre rédaction pense que cela ne sera pas possible. Tous les quatre formes de médias (journal, radio, télévision et en ligne) continueront à se compléter pour le bonheur des terriens.
GLODY NDAYA