RDC – Médias : René Kanzuku invite les jeunes diplômés en SIC, encore chômeurs à se lancer dans l’entrepreneuriat

Éditeur et Directeur Général de l’hebdomadaire Le Regard, René Kanzuku Platini s’est confié à Eventsrdc.com, où il a brossé son parcours professionnel, son média et enfin, a prodigué quelques conseils à la nouvelle génération des presse rd-congolaise et aux diplômés en Sciences de l’information et de la communication – SIC -, encore en chômage.

Cet ancien journaliste du trihebdomadaire AfricaNews RDC a souhaité à ce que l’État rd-congolais crée des emplois pour les jeunes et qu’il subventionne aussi leurs projets. Quant aux entreprises privées, Kanzuku pense que la sous-traitance est une forme d’exploitation humaine et professionnelle qui ne permet pas aux jeunes employés de s’épanouir. Entretien.

 

Parlez-nous de votre parcours professionnel ?

Après mon stage académique en 2013 au sein du Trihebdomadaire Africanews, j’ai été retenu dans cette même entreprise de presse où j’ai œuvré jusqu’en juin 2017. Là, j’ai bénéficié de l’assistance professionnelle de mes aînés dans la profession tels que Hugo Mabiala, Henry Mbuyi, Olitho Kahungu, pour ne citer que ceux-là.

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Ils m’ont formé  sur l’écriture journalistique. Mais, le Directeur général d’AfricaNews, Achille Kadima Mulamba dont je ne cesserai de rendre hommage, lui m’a formé sur la titraille et le titrage. Après cette formation complète, je voulais me rendre utile pour ma rédaction, je voulais en réalité me faire une place dans le coeur de mon patron. J’ai passé en revue toutes les taches de la rédaction et constaté qu’il  y avait ceux qui rédigeaient mieux que moi. Mais, j’ai ensuite constaté que la version  en ligne du journal avait une faille.

Je me suis porté garant de redorer l’image d’AfricaNews sur internet et le boss accepta ma proposition d’animer le site internet. C’est alors qu’il va m’envoyer chez un gourou de la presse en ligne, Cinardo Kivuila. Chez lui, je reçois une formation accélérée sur la mise en ligne avec WordPress.

 

Quelques mois plus tard, les retombées étaient tellement convaincantes et positives, je me suis imposé et j’ai réussi mon coup de devenir important afin de me faire une place dans le cœur d’Achille.

J’ai crevé pendant près de deux mois à la maison,  sans travail. Un bon matin, c’était exactement au mois d’août de la même année, je reçois un coup d’appel de madame Christiane Munoki, épouse du Professeur Jean-Chrétien Ekambo. Arrivé en ville, la dame me présente son projet d’un média en ligne, www.journaldesnations.net et me demande de mettre en place un plan stratégique pour la bonne marche. Je l’ai mis d’accord et on s’est lancé  dans une nouvelle aventure.

Après le franc succès que ce média avait récolté au bout d’un mois, la dame a décidé de me payer le double du salaire d’AfricaNews.

Chemin faisant, je sentais que je devais mettre un média en place pour ne plus travailler pour le compte d’autres personnes. C’est en fin 2019 que je me suis mis d’accord avec deux de mes amis, dont Schilo Tshitenga, de lancer le journal Le Regard au sein duquel je suis Éditeur et Directeur général. Voilà ce qui résume mon parcours professionnel.

 

Après votre indépendance professionnelle, pourrions-nous dire que vous viviez réellement du journalisme ?

Depuis mon premier pas dans la profession, j’ai toujours vécu du journalisme. Ma toute première maison que j’ai loué en 2014, c’était avec l’argent de mon métier de journaliste. Bien que je n’ai pas encore obtenu les résultats attendus par rapport à Le Regard,  mais je peux avouer que je continue de vivre de mon travail.

 

Quelle est la ligne éditoriale de votre média ?

Le Regard est un journal des professionnels des médias. Nous travaillons dans l’impartialité et à l’intérêt de tous. Donc, nous sommes non tendancieux.

 

Comment se comporte-t-il sur le marché rd-congolais ?

Le Regard se porte très bien. Il a été lancé exactement le lundi 2 décembre 2019, à Kinshasa avec les moyens de bord. Le tout premier numéro a connu un franc succès sur terrain. Donc, Le Regard a près de cinq mois d’existence, mais il s’impose et il est réclamé par les revendeurs quand la parution connaît des petits retards. Elle est une vraie église au milieu du village.

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à avoir ce tabloïd, au moment où plusieurs entreprises de presse écrite revoient à la baisse leurs périodicités pour migrer vers le numérique ?

D’abord, vous devez savoir que la presse écrite, c’est la presse mère. Votre maman, même quand elle devient aveugle, elle reste votre maman. L’audiovisuel, la radio et la presse en ligne s’inspirent ou puisent leur force dans la presse écrite. Donc, la presse écrite est inévitable. Le professeur Georges Jérémie Wawa disait : « La presse papier ne disparaîtra jamais… ».

Et aujourd’hui, je peux affirmer que les deux médias, en ligne et en papier se combinent et se complètent, mais aucun d’eux ne remplace l’autre. Ma plus grande motivation est que je voulais faire une presse de performance pour affermir mes compétences. Et, c’est la presse écrite. Nous voulons également redonner le goût de la lecture des journaux aux jeunes et aux plus jeunes. Voilà pourquoi, nous avons des rubriques comme Sciences et technologies, Motivation…

 

L’on sait très bien que l’environnement socio-économique rd-congolais ne permet pas aux médias de vivre une vraie éclosion. Qui vous finance ?

J’ai bien dit ci-haut que nous avons lancé ce projet sur fonds propres. Donc, nous ne sommes subventionnés ni par l’État congolais, moins encore par un individu quelconque. Ce qui justifie d’ailleurs notre indépendance et notre neutralité dans le traitement de l’information.

Depuis le premier numéro, notre tirage varie entre 400 et 500 exemplaires par édition.

 

Pour la création des sites web, l’hébergement et autres assistances informatiques.

 

Combien de personnes concourent-elles à la production d’une édition ?

À ce jour, Le Regard traverse des moments cruciaux. Nous travaillons dans le sens de conquérir le marcher, de nous imposer davantage pour non seulement entrer dans la cour des grands,  mais aussi nous faire une place permanente. Donc, nous travaillons avec une équipe très restreinte et nous sommes au four et au moulin.

Nous ne voulons pas pour le moment donner des tâches à des gens qui ne comprendront pas que l’avion est encore en train de faire le taxi et qu’il n’a pas encore atteint l’altitude. Bref, je travaille avec mes associés, qui ne sont pas là pour être payés, mais pour contribuer financièrement. Nous ne voulons pas souffrir avec le personnel. Nous nous préparons pour le bon traitement du personnel que nous allons engager. On ne veut pas répéter le cycle de nos aînés. Chez Le Regard, les journalistes signeront des contrats et nous respecterons les clauses et la dignité humaine.

 

La création de l’hebdo Le Regard ne dérange-t-elle pas votre collaboration avec le Journaldesnations.net ?

Pas du tout. Chez journaldesnations.net, je reste journaliste et Directeur de publication jusqu’à preuve du contraire. Ma patronne est bel et bien au courant de l’existe de mon journal Le Regard et je lui ai déjà fait voir tous les paramètres. Et, je suis convaincu qu’elle m’avait compris, parce que Le Regard n’entrave pas les intérêts de JDN.

 

Un message aux étudiants et aux diplômés en SIC, encore chômeurs ?

Aux étudiants et diplômés en SIC comme moi: ayez pitié des maigres moyens de vos parents qui peinent pour vous payez les frais académiques. Comprenez les signaux que le pays vous envoie. Sur le plan de l’emploi, la RDC est complètement par terre, mais c’est possible de faire mieux. Le pays ne changera pas, c’est vous qui devait changer.

À Kinshasa surtout, quand vous finissez vos études et que vous vous mettez à vous balader avec votre « CV » partout, sauf piston, les pauvres entreprises congolaises vont vous ajouter la lettre « A » sur votre « CV ». Du coup, cela fera AVC.

Soyons formés pour créer et non pour accompagner. Vous pouvez également vous lancer dans l’entrepreneuriat en rapport avec votre formation ou votre diplôme, plutôt que de demeurer dans le chômage.

 

Au gouvernement rd-congolais et aux entreprises commerciales privées ?

À l’État congolais: crée l’emploi des jeunes. Les compétences ne manquent pas. Et aussi, la RDC doit cultiver la politique de subventionner les projets des jeunes.

Aux entreprises privées: arrêtez d’exploiter la jeunesse congolaise avec vos histoires de sous-traitance qui prend les jeunes en otage pendant 6 ans avec un salaire de 150$ ou 120$. Traitez-les directement au lieu de les sous-traiter.

CINARDO KIVUILA