Directeur Général d’Avocats.cd, une plate-forme d’assistance juridique et de mise en relation avec un avocat, Junior Luyindula est un entrepreneur en droit numérique et a une expérience en propriété intellectuelle.
Dans une interview à bâtons rompus avec la rédaction d’eventsrdc.com, Junior Luyindula a passé en revue le secteur du Numérique en République Démocratique du Congo et a relevé différents facteurs qui bloquent l’essor dudit secteur.
Depuis plus de cinq ans, les mots « Numérique » et « Digital » sont d’actualité en RDC et en septembre dernier, le Chef de l’État rd-congolais avait rendu public le Plan National Numérique de son pays. Existe-t-il une loi qui réglemente le numérique en RDC ?
Je dirai plutôt qu’il existe des textes un peu épars qui encadrent partiellement l’écosystème numérique , notamment avec l’ère de la libéralisation législative du secteur des télécommunications, avec la loi-cadre n°013/2002 du 16 octobre 2002 régissant le secteur des télécommunications. Or le numérique ce n’est pas que la télécommunication.
Pour supplanter la loi-cadre de 2002, le parlement a adopté en sa session de septembre 2018, le projet de loi sur les télécommunications et les TIC, que le Président de la République a renvoyé pour seconde lecture en 2019. Nous avons aussi le projet de loi sur le commerce électronique présenté au Parlement en 2018 en attentes d’adoption.
Les acteurs du numérique se sont retrouvés dernièrement à Lubumbashi pour débuter un policy hackathon devant aboutir à un avant projet de loi appelé start-up act.
La start-up act est assez intéressant comme texte car il permettra de libérer le potentiel de l’entrepreunariat numérique avec des politiques d’avantages et incitations aux différentes parties prenantes d’une Startup: les entrepreneurs, les investisseurs et la start-up.
Le numérique n’est pas seulement les télécommunications. Comment le définissez-vous ?
Le numérique est un mot tellement utilisé qu’il en est devenu galvaudé. Pour ma part, je conçois comme numérique tout ce qui peut être réalisé é grâce aux outils informatiques, en s’étendant aussi aux télécommunications (téléphone, radio, télévision, ordinateur) et Internet.
Qu’est-ce qui, selon vous, empêche la RDC à connaître un boom numérique alors qu’elle a les matières premières, un territoire, des cerveaux et autres ?
Il y en a beaucoup, j’en citerai quelques uns: – Défaillance d’une infrastructure haut débit ;
– La pression fiscale appliquée sur les opérateurs télécoms ;
– Le faible taux de pénétration d’internet ;
– L’absence d’une loi et d’une politique sur l’économie numérique ou favorable à l’écosystème start-up ;
– Le nombre assez faible d’incubateurs pouvant encadré les entrepreneurs du numérique
– Le quotité minime des contenus locaux sur internet ;
– La mauvaise gestion du domaine.cd…
Quel est l’apport de votre structure Avocats.cd dans l’exécution du Plan National Numérique de la RDC horizon 2025 ?
Avocats.cd est membre de Silikon Bantu. Nous avons été délégué par cette association des start-up en apportant notre apport sur la thématique liée à la régulation et à la gouvernance: Nous avons donné des recommandations pour mieux encadrer les phénomènes nouveaux du numérique, notamment que le gouvernement se joigne aux acteurs du numérique pour la mise en place d’une start-up act, accélérer l’adoption du projet de loi sur commerce électronique, une régulation plus éfficace du domaine .cd
Pensez-vous qu’à ce jour, la République Démocratique du Congo peut également parler de la taxe GAFA ?
Le système fiscal congolais obéit au principe de territorialité, ils ne peuvent donc pas taxer les revenus de Facebook ou de Google à moins qu’il établissent un siège en RDC.
Qu’est-ce qui selon vous justifie la création de la plupart des plateformes ou incubateurs du numérique en RDC par les étrangers ?
Je crois plutôt que les incubateurs appartiennent aux nationaux. C’est le cas d’ingenious city qui marche assez bien, Pull up, l’incubateur des femmes de la FEC, le cluster des start-up, Silikon Bantu, Lumumba Lab et tant d’autres. C’est en 2020 qu’il y aura la création d’un incubateur avec un investissement étranger d’un million d’euro, il s’agira de l’incubateur texaf digital.
Qu’est-ce qui empêche les organisations rd-congolaises (gouvernement, startups, agences de communication …) à rassembler les acteurs majeurs mondiaux du numérique en RDC ?
Il faudrait des législations qui facilitent l’implantation de ces grands acteurs du numérique, la mise en place et la modernisation des infrastructures tech gérées par l’État, la fibre optique en l’occurrence, l’extension de la couverture des télécoms et de l’accès au numérique ; la sécurisation des voies et accès aux contenus numériques; la transformation numérique des administrations et des entreprises ; la production, la promotion, l’hébergement et la sauvegarde du contenu national et la promotion du Numérique par des politiques publiques.
CINARDO KIVUILA