La République Démocratique du Congo a des génies. A travers son compatriote Michel Matalatala, elle a mis en place l’application des messagerie instantanée dénommée « Masolo », qui se conforme aux réalités sociologiques rd-congolaises. Ingénieur civil et CEO de la Startup Etidlabs, il considère son innovation comme un outil de souveraineté pour la Rd-Congo et invite ses compatriotes à s’en approprier. Ce qui contribuera à réduire sensiblement la fracture numérique du fait de l’appropriation des services par les différentes couches de la population.
Michel invite le gouvernement à soutenir cette initiative made in Congo pour un déploiement efficace de « Masolo » dans toutes les provinces de la Rd-C, en Afrique et dans le monde. « Nous souhaiterions que des compatriotes s’unissent à nous pour qu’ensemble nous développions cette initiative rd-congolaise, qui ferait la fierté du pays », a-t-il dit.
Fondateur de la messagerie instantanée « Masolo ». Pouvez-vous nous parler de son fonctionnement ?
« Masolo » est une application de messagerie instantanée comme toutes les autres. Elle donne la possibilité de faire du chat, des appels audio et vidéo, mais aussi le transfert des fichiers textes et multimédia. Elle peut être déployée sous deux approches : La première approche, vise un usage grand public à travers internet et la seconde vise un usage privé dans un réseau local d’une organisation, avec un serveur hébergé sur le site qui permet les transactions des messages et des appels.
Il y a également des fonctionnalités particulières qui sont propres à « Masolo » et qui visent la confidentialité notamment la possibilité de bloquer le transfert d’un message ou d’un fichier, la restriction sur la capture d’écran et aussi, la restriction sur l’enregistrement des appels audio et vidéo. Nous avons également une multitude d’autres fonctionnalités que nous allons le moment opportun. Pour le moment, nous ne les dévoilons pas encore au grand public.
En quoi cette plateforme diffère-t-elle de celles déjà existantes telles que Whatsapp et Facebook Messenger ?
Nous avons quasiment les mêmes fonctionnalités, à part celles que nous avons ajoutées afin de renforcer la confidentialité. D’autre part, nous voulons faire de « Masolo » une plateforme intégrée susceptible d’offrir plusieurs autres services (banques, e-commerce, jeux, infos, …) à la fois de manière à faciliter les activités quotidiennes des rd-congolais. Par exemple avec les stickers, faits avec une originalité rd-congolaise et africaine.
« Masolo » a fait son apparition après le buzz de transfert des données personnelles des utilisateurs de Whatsapp vers Facebook. C’est à peine que votre plateforme vient de voir le jour ?
C’est une coïncidence. Nous avons débuté avec le déploiement de « Masolo », il y a déjà une année. Nous sommes passés par plusieurs étapes notamment la présentation du concept à plusieurs personnes et le test de l’application à plusieurs endroits. Au départ, l’application devait être testée à la faculté de polytechnique de l’Université de Kinshasa, pour ce faire, il fallait un réseau Wifi déployé.
Cependant, il n’y en avait pas encore. Nous l’avons donc testé ailleurs où il y avait une infrastructure sans fil adéquate. Ce n’est qu’après ce test que nous nous sommes convenus de lancer « Masolo » au grand public. Puis, est arrivée cette polémique avec le transfert des données personnelles de Whatsapp vers Facebook qui nous a été favorable dans la prise en main de Masolo par les utilisateurs congolais, qui étaient à la recherche d’une alterne à Whatsapp.
Suite à la vague de migration vers Signal, nous avons voulu proposer également une solution purement rd-congolaise, non pas pour rivaliser avec d’autres plateformes qui existent déjà telles que Whatsapp, Facebook ou encore Signal, mais pour faire connaître aussi « Masolo » au grand public, question de faire découvrir les compétences et capacités rd-congolaises en matière d’innovation dans le domaine du numérique. C’est comme ça que nous l’avons lancé dans un groupe restreint des spécialistes du numérique et c’est de là que tout a commencé à basculer partout sur la toile.
Made in Congo. « Masolo », dans son fonctionnement, tient-elle compte des réalités rd-congolaises notamment les analphabètes ou est-elle destinée à une catégorie de vos compatriotes ?
« Masolo » tient compte des réalités rd-congolaises. C’est d’ailleurs, la raison de ce nom. C’est vrai que nous n’avons pas encore intégré les langues nationales, mais déjà le français est une langue officielle de notre pays qui peut faciliter la compréhension dans l’usage de l’application.
Notre vision est de démocratiser l’utilisation du numérique à travers le projet Masolo tant sur le plan national que sur le plan continental, à travers la panoplie des services que nous comptons offrir à travers Masolo. Ce qui contribuera à réduire sensiblement la fracture numérique du fait de l’appropriation des services par les différentes couches de la population.
A cet effet, la priorité est accordée en premier lieu au marché local. C’est comme ça que nous avons lancé « Masolo » en langue française. Ensuite, nous allons également ajouter les quatre langues nationales et aussi l’anglais et le portugais pour d’autres pays africains.
Attendez-vous un appui logistique ou financier du gouvernement rd-congolais pour le déploiement de vos serveurs dans les coins stratégiques de la RDC ou avez-vous tous les moyens possibles ?
Evidemment. Nous avons besoin d’un appui logistique, financier ou de toute autre forme pour déployer « Masolo ». Présentement, nous le faisons avec nos moyens propres et cela devient un peu pesant pour nous du fait que les gens l’ont adopté tellement vite et nous sommes obligés de contenir et satisfaire cette demande.
Nous espérons que les autorités ou les autres personnes de bonne volonté vont entendre nos cris de détresse et voir dans quelle mesure elles peuvent nous assister pour un déploiement efficace de « Masolo ». Ce n’est pas seulement un appui financier dont nous avons besoin, mais cela peut être aussi un appui logistique, matériel ou certaines autres facilités qui peuvent nous aider à déployer notre application.
A ce jour, combien d’utilisateurs comptez-vous ?
Nous avons lancé officiellement l’application le mercredi 13 janvier 2021, avec 23 utilisateurs. Aujourd’hui, plus d’une semaine après nous dépassons déjà le cap de 5000 utilisateurs. A cette allure, nous pourrons rapidement atteindre un grand nombre d’utilisateurs qui frôlerait les 100.000 dans les 3 à 4 mois à venir. D’où la nécessité d’anticiper très rapidement pour ne pas être débordé le moment venu. Une aide du gouvernement ou de toute autre personne de bonne volonté serait la bienvenue afin de soutenir un déploiement de grande envergure d’une application rd-congolaise.
En outre, nous considérons cette plateforme comme un outil de souveraineté pour le pays, pouvant servir de résilience ou d’alternative aux solutions IMs déjà existantes, à savoir Facebook ou Whatsapp. Comme c’est le cas des pays comme la Chine avec WeChat ou la Turquie avec Bip qui ont leurs propres solutions IM, à côté de Whatsapp ou Telegram.
Quels sont les partenaires qui vous accompagnent dans la mise en œuvre de votre plateforme ?
Pour le moment, il n’y a pas encore un partenaire qui nous accompagne. Nous faisons avec nos moyens du bord, mais nous sommes ouverts à toute sorte de collaboration. Toute initiative visant à nous offrir un cadre de collaboration, de support ou soutien pour qu’ensemble, nous puissions déployer « Masolo », serait la bienvenue et démontrerait la capacité des congolais à s’unir pour une cause d’intérêt commun. Nous souhaiterions que des compatriotes s’unissent à nous pour qu’ensemble nous développions cette initiative rd-congolaise, qui ferait la fierté du pays. « Masolo » prouve que le rd-congolais a un génie caché en lui, qui devrait être mis en exergue afin d’inciter les initiatives d’innovation dans les différents domaines afin de résoudre tant soit peu le problème quotidien du rd-congolais.
Que garantissez-vous à vos potentiels utilisateurs ?
D’abord, la confidentialité dans les différentes fonctionnalités que nous avons proposées. Il y a également la sécurité dans les transactions dont le contenu est crypté de bout en bout. A part ça, nous sommes soumis sur le plan légal ou juridique, à la législation rd-congolaise en matière de la protection des données.
En utilisant « Masolo », lors de l’ouverture de l’application, il apparaît sur l’interface d’accueil une notification où on demande à l’utilisateur de lire et d’accepter la politique de sécurité qui décrit les droits et devoirs des utilisateurs et du fournisseur de Masolo, en matière de protection des données.
Dans quelle boutique en ligne, pouvons-nous la télécharger et comment ça se passe ?
Normalement, il y a deux boutiques qui sont visées qui sont Play Store pour Android et App Store pour IPhone(iOS) IOS. Pour le moment c’est la version Android qui est disponible, mais nous sommes en train de développer la version IOS qui sortira d’un moment à l’autre. Pour avoir la version d’Android, il suffit d’aller dans Play Store et taper « Masolo » dans la barre de recherche et vous aurez l’application.
Les transferts ou partages des données pornographiques et d’incitation à la haine ou à d’autres types de violences sont-ils autorisés ?
Ce n’est pas autorisé, cela est bien indiqué dans la politique de confidentialité et des conditions d’utilisation de « Masolo ». Si vous les parcourez, vous verrez que le partage de ces genres de messages n’est pas autorisé. Même la législation rd-congolaise n’autorise pas ces genres de message. Celui qui va l’utiliser de manière abusive s’exposerait à la rigueur de la législation sur la protection des données en vigueur.
Etant développeur, et CEO d’EtidLabs, le Plan national du numérique vous concerne aussi. Une année et quelques mois après sa validation par le président rd-congolais Felix Tshisekedi, que pensez-vous de cette feuille de route ?
En effet, EtidLabs est conscient que le Plan national du numérique est un élément très capital pour le pays. C’est une vision du président de la République sur la manière de vulgariser et de démocratiser le numérique sous toutes ses formes. Nous devons donc savoir dans quelle direction va le pays à travers les piliers qui nous concernent dans ce plan, à la savoir le pilier infrastructure et le pilier contenu.
Nous, en développant « Masolo » nous devons nous conformer à cette vision-là. C’est un élément fondamental non seulement pour EtidLabs, mais aussi pour tous les acteurs évoluant dans le secteur du numérique.
Un message à tous les usagers de Smartphones éparpillés à travers le monde.
J’encourage les gens à utiliser l’application « Masolo ». A travers le feedback des utilisateurs, nous allons sensiblement améliorer les performances de l’application. Déjà avec les premiers feedbacks reçus, les utilisateurs insistent beaucoup sur la nécessité d’implémenter les groupes et les statuts dans Masolo. Nous y travaillons durement et d’ici là les groupes seront disponibles. Au moment venu, les utilisateurs seront avertis à travers des mises à jour de l’application qui spécifieront les nouvelles fonctionnalités ajoutées.
Nous recommandons aux gens de s’approprier cet œuvre rd-congolaise en l’utilisant régulièrement et en nous nous faisant parvenir leurs différentes remarques et recommandations à travers notre site ou sur Play store. Cette expérience de Masolo montre à suffisance la capacité des rd-congolais à innover. Il y a des potentialités énormes encrées dans le rd-congolais que nous tenons à mettre en exergue dans ce projet. C’est cela le leitmotiv de notre structure EtidLabs dont la vision consiste à susciter le sens de la créativité auprès de la jeunesse congolaise, à travers des projets innovants, comme Masolo.
Parlez-nous de votre parcours académique et de votre start-up ?
Je suis doctorant à l’Université de Gent et détenteur d’un diplôme de doctorat sur la 5ème génération des réseaux mobiles sans fils -5G -. Je suis également expert en technologie de l’information et de la communication et CEO de EtidLabs, la Start-up maison mère de « Masolo », en même temps chef de travaux à l’Université de Kinshasa -UNIKIN-.
EtidLabs est à la fois une startup et un groupe de recherche composé des professeurs, assistants et étudiants dans le domaine du numérique. Cette startup a comme objectif d’innover dans le domaine du numérique, à savoir dans l’électronique, les télécommunications, les systèmes d’informations et les sciences des données (big data, IoT, AI, etc.).
GLODY NDAYA