Affecté comme l’ensemble de la population rd-congolaise par la contre-performance des Léopards de la République Démocratique du Congo face aux Aigles de Carthage de la Tunisie, Didier M’buy, enseignant à l’IFASIC, a rendu un témoignage poignant, mettant à nu son sens aigu du patriotisme. Il croit encore en la qualification de la RDC au Mondial Russie 2018.
Ci-après le témoignage de Didier M’buy :
« Je suis entré au stade des Martyrs à 14h49′, et j’en suis sorti après le match… Mais, j’ai dû attendre le départ du bus des Léopards à 21h28′, pour quitter les alentours du stade des Martyrs! Avec une poignée des supporters des fauves, j’ai applaudi sur Huileries le passage du bus avec des joueurs anéantis, disloqués, désagrégés… Ma pensée est allée tout droit à Yannick Bolasie présent au stade pour pousser ses coéquipiers à la victoire finale! Bolasie qui avait fait la promesse à son défunt père de jouer la Coupe du monde, comme celui-ci le souhaitait tant!
Comme je suis vrai dans les relations humaines, en amitié, j’ai longtemps géré le onze national comme justement un ami, c’est ainsi que j’ai tenu à l’accompagner dans cette aventure, quelle qu’en soit l’issue, car il a toujours représenté à mes yeux, bien plus qu’une simple équipe de football! Il représente en effet tout ce que nous avons réussi de mieux dans ce pays, surtout entre les binationaux et nous qui avons choisi de rester au pays, d’en garder la nationalité… Ainsi, j’assume la défaite, et oui la défaite des Léopards comme étant la mienne! Dire qu’à 2-0, on avait déjà réussi le plus dur, il ne restait qu’à le consolider; mais les gars, fatigués sans doute pour avoir tout donné en première période, ont fini par céder, par craquer! Prendre deux buts en moins de cinq minutes, je ne peux l’expliquer autrement! C’est dur, mais il faut faire avec… Même si nombre de spectateurs n’ont pas pu le digérer au point que Daniel Bennet et les joueurs tunisiens ont essuyé des projectiles de leur part!
C’est dommage que les Léopards ne soient plus à présent maîtres de leur destin, car ils devront compter désormais sur le travail du Sily National, une victoire sur les Aigles du Carthage notamment… Ainsi, tant que nous respirerons, nous espérerons, et nous nous relèverons! Nous, moi certes, mais aussi ceux qui ont cru à Jean-Florent Ibenge, ce digne fils du pays fait d’un autre métal, qui a redonné la dignité, la confiance à tout un peuple… Avant lui, la nation participait aux éliminatoires de la Coupe du monde comme la Namibie ou le Botswana participent à cette compétition, c’est-à-dire sans conviction… D’où vient qu’après quarante-trois ans, on se croie soudain digne d’oser encore une phase finale de Coupe du monde? C’est qu’en fait après le Yougoslave Blagoje Vidinic (1970-1974), un autre sélectionneur a fait naître ce désir chez plus de 70 millions d’habitants par la qualité de son travail… Rien que pour nous avoir fait tant rêver, je lui dois une fière chandelle… Ibenge était en train de réussir là où ses prédécesseurs venus de très loin ont brillamment échoué, le Roumain Stefan Stanculescu (1974-1975), l’Allemand Otto Pfister (1987-1989), le Turc Mushin Ertugal (1995-1996), le Brésilien Celio Barros (1997), le Belge Georges Leekens (1997), le Malien Mohamed Magassouba (2001), l’Anglais Michael Wadsworth (2003-2004), le Français Claude Leroy (2004-2006, 2011-2014), le Belge Henry Dépireux (2006-2007), les Français Patrice Neveu (2008-2009), Robert Nouzaret (2010-2011)… L’avènement donc de Jean-Florent Ibenge est finalement la réponse vivante à ceux qui n’ont jamais cru au génie congolais… Merci, coach androïd pour tout, pour nos Austerlitz comme pour… nos Waterloo! ».
D.M.