Au-delà d’un simple métier, la photographie est toute une œuvre d’art. Elle capture nos souvenirs et nous fait voyager dans un univers des sensations aussi éblouissant que vivant, apporte un témoignage et participe à la réappropriation de l’histoire. En Rd-Congo, la photographie occupe une place prépondérante alors que l’épanouissement dans le secteur décrit l’essence même de la motivation des jeunes photographes.
Qu’elle soit artistique ou événementielle, elle est présente dans notre quotidien et s’ancre dans les mémoires. Les musées et les institutions en RDC lui consacrent davantage d’espaces
d’exposition au moment où les festivals et foires se multiplient. En outre, la photographie attire les collectionneurs et occupe une place de choix sur le marché de l’art.
Hier simple cours, la photographie est aujourd’hui tout un département à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, école d’art de référence en Afrique. Eventsrdc.com a rencontré Arsène Mpiana, artiste photographe et chef du parcours de photographie de l’institution universitaire qui a, entre autres évoqué la place de la photographie dans notre société, ses inspirations et les particularités de cet art.
Pourriez-vous nous dire, qu’est-ce que la photographie ?
La photographie c’est le fait d’enregistrer, d’illustrer et de documenter une image à l’aide d’un appareil photo ou par des processus chimiques.
Quelle direction prennent l’art et la photographie selon vous ?
De nos jours, on parle de la photographie avec caméra, la photo avec un smartphone, sans caméra ni smartphone, on parle aussi de l’image ou de la photographie assistée par l’intelligence artificielle et dans ce monde contemporain où parfois les idées ont plus d’espaces que l’image en soit. Je pense aujourd’hui pour parler photo, il faut parler aussi d’autres mediums parce que la photographie étant au centre de toute communication. Je pense que la photographie se trouve partout, que ça soit en peinture, céramique, sculpture…tous les artistes ont besoin de la photographie pour communiquer.
Qui sont les photographes qui vous ont inspiré ?
J’ai deux photographes qui m’inspirent parce que j’ai deux tendances. Je suis dans la tendance photojournalisme où j’aime beaucoup Steve McCurry qui est mon photographe favori; mais je m’intéresse aussi aux questions de l’image sans photo. Là, ma reference c’est Oscar Muñoz qui est un photographe dont je vous invite à voir son travail qui crée des images avec la sérigraphie, l’héliographie. Il utilise plusieurs techniques pour produire l’image sans caméra.
Quels matériels utilisez-vous pour vos photos ?
J’utilise Canon et Nikon. Celui qui va peut-être me prendre comme ambassadeur, je vais bosser pour lui. J’utilise les deux à la fois, la 5D mark 4 avec un télé objectif Canon EF 70-200mm f/2.8 et une NikonD 850 avec notamment ma 35 mm f/1.4 comme objectif.
Quelles sont les particularités ou le style de vos photographies ?
Personnellement, je m’intéresse aux histoires, aux questions d’identités, la plupart de mes photos traitent sur l’identité. Je ne sais peut-être pas si je suis hanté à la question de ma propre identité qui est parfois multiforme. Mon premier travail était sur ma propre identité, déconnexion perpétuelle. Mon second travail ‘’passport’’ traite sur les identités des personnes qui ramassent les déchets. Du coup, dans tous mes projects, je suis de très près des identités et des histoires de gens.
Quelle est la place de la photographie dans notre société (RDC) ?
La photographie a une place de choix parce que la photo, c’est une question patriotique. Aujourd’hui, on parle de l’agression du Rwanda à l’est du pays. Supposons qu’on ait de très bons storrytellers qui sont notamment dans la société civile. Si les gens de la société civile savaient manier une camera, Il y aurait moins de fakenews. C’est une question patriotique pour ce pays. Je pense que la photo doit être enseignée à l’école maternelle mais aussi à l’école primaire.
Quelles sont les compétences nécessaires pour être photographe professionnel ?
Les compétences nécessaires, je dirais l’esprit de recherche. Déjà tout par de là. Parce que la photographie, c’est un medium ou un métier qui va un peu vite, notamment la technologie, il faut être très informé et pour la formation, il faut se former et s’informer. Il faut aussi être ouvert d’esprit, ouvert d’accepter la critique mais aussi des collaborations. C’est vraiment ce qui nous manque dans la scène congolaise.
Sur le plan de vos rêves, qu’est-ce qui vous reste à réaliser ?
J’avais besoin de l’information et de la formation. Dans cette quête, je dirige le Parcours de la photographie, ici j’encadre, j’enseigne les gens qui ont les moyens pour se payer les études. Ma vision c’est de me positionner comme photographe iconique du pays.
Par la suite, donner mon énergie à ceux qui manquent des moyens pour venir à l’Académie, parce qu’il y a plein d’esprits qui périssent par manque d’espaces d’expressions.
Le parcours de photographie de l’ABA-KIN a célébré la journée internationale de la photographie le 19 août organisant une série d’activités dont une exposition avec comme thématique « La Matrice ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
La matrice, nous pensons à demain, à la pépinière. Le Parcours Photographie existe depuis 3 ans. L’idée c’était d’exhiber les talents de nos pépinières.
Votre dernier mot
Les interviews comme ça sont rares. Ça m’étonne et à la fois ça m’encourage afin de croire à ce travail, à un seul partage d’une image le soir et tu peux être repéré. Merci, je vous encourage à continuer dans cette direction, parce qu’il n’y a pas que moi, il y a plein de photographes qui sont reconnus internationalement mais on ne parle pas de leurs histoires. Pour parler de l’art, on donne beaucoup de places à la musique et au théâtre. Je suis très content de votre initiative et j’espère que les autorités compétentes pourront vous aider dans votre démarche.
CHRISTIAN KIAKONDO