Au cours d’une interview exclusive accordée à Eventsrdc.com- Leader des Événements et des Interviews-, le Prêtre-Rappeur de l’Archidiocèse de Kinshasa, l’Abbé Jean-Pierre Mongambi affectueusement appelé « Je crois » a soutenu qu’il n’avait aucun obstacle de combiner ces deux métiers. S’appuyant sur la nouvelle évangélisation, le vicaire de Saint Théophile affirme qu’on peut prêcher la bonne nouvelle en faisant la rumba, le zouk, le jazz et même rap. « C’est un style de musique comme tout autre ». En outre, le Prêtre annonce la sortie de son deuxième album intitulé « Je crois », le 17 juillet 2016.
Monsieur l’Abbé, dites-nous d’où est venu cette idée de faire le rap ?
Cette idée de faire le rap date d’avant même que je sois Prêtre. J’étais déjà rappeur avant même d’entrer au couvent vers les années 89, 90, 91 à l’époque de Chris Cross, de M Samer. Ce sont des gens qui m’ont inspiré plus à faire le rap. Donc, je commence à faire le rap trop jeune et je suis passé dans plusieurs groupes, entre autres, G.B, F.M.B (famille Mongambi) qui était un groupe familial et tant d’autres. Mais quand je suis entré au séminaire, j’ai arrêté avec le rap mais c’était toujours ma passion, quelque-chose d’inné en moi. C’était un don en moi. C’est pourquoi quand je suis devenu Prêtre, je me suis dit pourquoi ne pas utiliser ce don de rapper qui est en moi pour des enfants de Dieu afin de les prêcher et les annoncer la bonne nouvelle.
En entrant au couvent, vous avez fait une cassure avec votre talent de rappeur, cela pendant dix ans pratiquement. Comment vous vous y êtes pris quand vous avez voulu renouer avec le rap ?
Au fait, c’est un don inné en moi. Chanter comme d’autres personnes le font si bien, moi je ne sais pas vraiment chanter. Mais je suis rappeur. Au séminaire, je ne pouvais pas faire le rap mais je composais des chansons sous forme des poèmes. Quand on avait des manifestations, j’ai déclamé mes poèmes. Je répétais en chambre au couvent. Je n’avais plus envie de faire le rap. Mais quand, le Cardinal a fêté ses 50 ans de vie sacerdotale. J’ai composé une chanson rap « Bon anniversaire Tata Cardinal » pour lui. C’était pour moi un cadeau que je lui ai offert. Je lui ai apporté la composition, il en était content et il a même fait certaines corrections. Et cette chanson, qui était la biographie du Cardinal, m’a fait connaitre parce que les gens s’étonnaient de voir un Prêtre rappeur.
Justement on a un peu du mal à concilier l’image qu’on a du Prêtre et du rap dans la société. Cela apparait comme deux univers diamétralement opposés. Comment expliquez-vous votre identité de Prêtre et Rappeur en même temps?
C’est peut-être une nouveauté ici en Afrique. Le rap est un style comme tout autre. Dans le cadre de la nouvelle évangélisation, on peut évangéliser avec la rumba, le zouk, le jazz et même rap. La Prêtrise et la musique rap, je ne vois aucun inconvénient. S’il faut même lire l’histoire de l’église de Kinshasa, vous allez voir le Père Bufalo, la personne qui s’est donné auprès des jeunes pour former les troupes théâtrales « Nzoï», « Bela-Bela ». Il était Prêtre, Père Bufalo. Il a rassemblé les jeunes des communes de Kinshasa et Barumbu à l’instar de Ngalufar, Ngadiadia et autres. Il les a encadrés pour qu’ils deviennent des acteurs. Moi aussi, je fais le rap mais ça ne dérange pas du tout mon ministère.
Mais le rap exige une certaine manière d’être, un certain langage et un certain gestuel qui sont contradictoires à ceux d’un Prêtre ?
Je sais que le rap a un style. Il a une certaine manière de s’habiller. Mais si vous regardez actuellement des rappeurs respectueux comme Puff Daddy, P. Diddy ou Jay-Z ne s’habillent pas du tout comme des voyous. Ce sont des rappeurs mais quant vous les voyez, ils s’habillent autrement que d’autres rappeurs qui veulent toujours donner une mauvaise connotation à la musique rap qu’il faille seulement être voyou ou faire des percing ou encore avoir des tatouages. Ce n’est pas ça l’essentiel. L’essentiel est le message qu’on véhicule dans nos raps. En Afrique ou au Congo, je pourrais être le premier Prêtre mais dans le monde je ne suis pas le premier. Je connais des Prêtres en Europe qui font la musique rap.
Dans quel pays par exemple ?
Je connais deux Prêtres en Pologne qui font la musique rap. Ils sont aussi en train d’évangéliser les jeunes avec la musique rap. Moi, je ne vois aucun obstacle-là. Ça n’a rien avoir avec la Prêtrise. Si je suis sur scène, je suis et je garde toujours mon identité Prêtre. C’est pourquoi vous allez voir que dans tous mes concerts, je serai toujours en soutane pour exhiber mon identité de Prêtre. Si je m’habille en fashion comme tout rappeur, il y aura confusion. Je mets aussi ma soutane pour attirer les gens, susciter leur curiosité pour qu’ils m’écoutent.
Parlons de votre carrière. Vous avez déjà combien d’albums dans votre actif ?
Jusque-là, je n’ai qu’un seul album sur le marché qui est un maxi-single. Il avait comme titres « Tata wa Biso », « Sambela Oyoka bien » et « Je crois ou credo » qui est le symbole des Apôtres. Et si Dieu le veut, je sors officiellement, mon deuxième album intitulé « Je crois ou credo », le 17 juillet 2016. Il compte 9 titres + 1 bonus. Je suis presqu’à la fin de l’enregistrement au studio. J’attends réaliser maintenant les clips. C’est un peu difficile comme il n’y a pas vraiment des producteurs. Je me bats, avec l’aide de Dieu, pour faire le tout moi-même.
Quelle est votre source d’inspiration parce que vous exploitez plus des prières catholiques que vous transposez en chanson ?
Non, ce ne sont pas seulement les prières catholiques qui m’inspirent. Etant un Prêtre catholique, je valorise aussi des prières catholiques. A part cela, j’exploite aussi les paroles de la Bible. J’ai chanté l’évangile des 10 lépreux, j’ai chanté le Prologue de Jean, j’ai chanté Psaumes 3. Les passages bibliques m’inspirent beaucoup dans la composition de mes chansons.
DEO KOKOLO