Décédé mardi 31 décembre 2019 en Afrique du Sud, le peintre rd-congolais Roger Botembe Mimbayi Lita a été conduit en sa dernière demeure mercredi 22 janvier 2019 après des hommages dignes de son rang qui lui ont été rendus par sa famille biologique ainsi que l’ensemble de la communauté artistique de son pays la Rd-Congo. D’abord, mardi à l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa où l’illustre disparu a partagé son savoir avec la communauté estudiantine en sa qualité de professeur associé. Beaucoup d’étudiants de cet établissement d’enseignement artistique se reconnaissent en lui à travers le style et l’engagement.
« On n’oubliera jamais le fait qu’il y ait -Botembe- apporté la vision de travailler en atelier, en groupe, partager de l’expérience. C’est lui qui a formé plusieurs artistes. Il a compris que l’art doit évoluer avec les valeurs intrinsèques », ne cesse de déclarer le peintre Franck Dikisongele, un des disciples de Roger Botembe. Le maître des Ateliers Botembe s’en va, mais ses œuvres y demeurent. Celui qui, au-delà des galeries ou autres lieux de diffusion de l’art, rayonnait les couloirs et bureaux de plusieurs institutions et entreprises comme c’est le cas notamment avec ses traditionnels partenaires dont l’ancienne ProCrédit Bank ou RawBank.
Il ne pourra plus toucher à ses pinceaux, peintures à huile, acrylique, couteaux et bien tirer ses toiles pour transmettre son au public son âme ou ses émotions. Cultivé, Roger Botembe, « Roy » pour les intimes, se nourrissait toujours de la lecture. De son vivant, il ne manquait surtout pas un ouvrage entre ses mains. Ce goût, il l’a transmis à ses collaborateurs. Les témoignages fusent de partout. Cet homme « de défi, d’audace, de témérité », comme l’a témoigné le Professeur Yoka Lye Mudaba, DG de l’Institut national des arts, rejoint désormais les étoiles. Vive l’artiste.
Ci-dessous l’éloquente oraison funèbre présentée par le Professeur Henri Kalama Akulez, Directeur général de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa :
« « Commando de l’art fort », très cher Botembe, tu as été un chercheur fasciné et infatigable de la vérité. Dans la compréhension heideggérienne, ton « Trans-symbolisme » a été le lieu de la transcendance du symbole (le signifiant) pour aller au-delà, pour dépasser le sensuel afin d’atteindre le signifié, faire un avec l’être et unir le visible avec l’invisible.
Très cher Collègue, très vite tu as rejoint l’invisible en laissant un vide au milieu de nous. Si ton départ, à seulement 60 ans, peut être vécu comme un événement de l’existence humaine, comme quelque chose de propre et d’essentiel à la nature de l’homme, pour nombreux d’entre nous, il nous faudra encore du temps pour le digérer, l’accepter.
Cher Roger, maintenant que tu nous tournes le dos, demeure tourné vers l’avenir rayonnant pour revitaliser l’Afrique de demain ! Tu étais toujours en mouvement, toute ton œuvre est d’ailleurs, mouvement entre le passé, l’aujourd’hui et le futur.
Artiste BOTEMBE, ta peinture est un langage que tu lègues à nos peuples pour continuer à écrire la « mémoire d’un continent », une mémoire de combat pour la dignité, et le bien-être, de quête de développement de la solidarité et de la fraternité.
Par ta peinture, tu as dompté la terre, tu as innové jusqu’à marquer notre histoire. A 60 ans, tu viens de franchir le temps, le nombre et l’espace.
Puisque tu as lutté pour le bien contre le mal, puisque tu as cherché le retour du soleil, cet astre lumineux qui symbolise Dieu, soyez accueilli dans le ciel étoilé où tout rentre et s’efface dans le repos que la vie a parfois troublé !
Et, parce que la mort n’est qu’un déplacement, comme « le souffle des ancêtres (…) qui ne sont jamais partis », ton sourire, tes humours, ton énergie créatrice, ton sens pratique nous inspireront pour toujours.
L’Académie de Beaux-Arts de Kinshasa restera très fière de toi cher BOTEMBE. Elle te remercie infiniment.
Au revoir l’artiste,
Au revoir Professeur associé
Au revoir Maître BOTEMBE.
Repose en paix !
Nous te remercions ! ».
PATRICK NZAZI