En m’appuyant sur les travaux de Marie-Sophie de Clipelle, de l’Université de Saint-Louis de Bruxelles, je peux noter qu’Historiquement, l’UNESCO est fondée sur un «régime d’objet» patrimoine héritée des civilisations européennes, s’appuyant sur une conception du patrimoine hérité des civilisations européennes.
L’UNESCO avait toujours privilégié la protection des monuments, des sites et autres représentations matérielles du patrimoine et n’octroyait qu’une place secondaire et indirecte au patrimoine immatériel.
Par ailleurs, la Convention pour la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel de1972 a en effet essayé d’innover en essayant de se soucier de la préservation de l’aspect matériel du patrimoine et en veillant à la protection des œuvres présentant une «valeur universelle exceptionnelle» permettant une «diffusion mondiale du concept de patrimoine ».
L’on attendra encore plusieurs années pour que l’UNESCO intègre l’aspect immatériel non pas dans une Convention mais dans ses documents internes que l’on appelle les Orientations, et cela de manière fort limitée.
Compte tenu de la demande pressante des États non occidentaux, les premiers instruments sont établis, mais ceux-ci ne reconnaissent que de manière secondaire le patrimoine culturel immatériel. Se déployant dans divers domaines, la notion de patrimoine culturel immatériel est alors prise en considération et s’inscrit dans un contexte plus large que le secteur culturel.
Ainsi, le premier instrument contraignant pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, est la Convention de 2003. Elle avait connu un succès historique incontestable.
En ce qui nous concerne, la labelisation de la Rumba comme patrimoine culturel et immatériel de l’humanité revêt d’une importance capitale pour nos deux pays en ceci qu »’Elle est considérée comme une partie essentielle et représentative de l’identité du peuple congolais et de ses populations de la diaspora. » comme l’a indiquée l’UNESCO.
Du moment où elle est devenue un patrimoine commun de l’humanité, il nous appartient maintenant comme propriétaires originels d’oeuvrer en faveur de sa sauvegarde, de sa valorisation et de sa gestion. Car cette labelisation bien souvent, elle vise aussi à favoriser le développement économique et touristique et lutter contre une appropriation individuelle. Les deux Congo ont-il prévu le service après-vente ? Après l’inscription allons-nous dormir sur nos lauriers ? Ce sont là les grandes questions qui méritent d’être étudiées de commun accord en vue de développer une gestion harmonieuse et commune.
Les obligations de sauvegarde imposées aux États membres ne sont accompagnées d’aucune directive, laissant ces derniers hésitants quant aux types de mesures à prendre envue de sauvegarder ce patrimoine. Les États sont souvent réticents à protéger un patrimoine culturel et préfèrent laisser lechamp libre au développement économique et, plus largement, à la mondialisation.
Nous inspirant de l’Union Européenne, j’aimerais bien voir les deux États évoluer dans la perspective de l’élaboration d’une Convention-cadre relative au mécanisme mutuel de protection, de sauvegarde et de valorisation aux fins de contribuer au bien-être des personnes et des attentes de la société.
Sa valeur se décline comme une ressource de développement durable et de qualité de vie dans une société en pleine mutation.
Si on veut tirer profit de cette labelisation, on doit quitter l’approche académique pour aller vers du concret grâce à l’adaptation de notre cadre légal et/ou législatif sur le développement des industries culturelles et créatives. Nous avons toutes les armes entre nos mains, n’attendons pas que les subventions de l’UNESCO.
Maître Muabila Glody, ADACO