Chanteuse et auteure compositrice à la voix très singulière et aux textes très philosophiques et engagés, Samia Tawil est la reine des festivals. Chaque trimestre, elle présente son répertoire multilingue dans plusieurs festivals à travers la planète. D’origine syrienne et marocaine, Samia réside à Genève, en Suisse d’où elle décroche tous ses contrats. Evoluant dans la musique Soul et Rock, et aux sonorités afro-gnawa, elle prépare un nouvel album intitulé « Back to Birmingham Jail ». « C’est par la fameuse lettre de la prison de Birmingham que j’ai eu l’idée d’intituler mon album ainsi. Cet album sera riche en son et en collaborations, et très éclectique et porteur de thèmes très revendicatifs », a-t-elle déclaré.
Comment définissez-vous votre style de musique ?
Mon style musical est très métissé. Car, il touche beaucoup à la musique Blues Américaine dans lequel laquelle j’ai baigné en grandissant. Mais aussi, à la musique Gnawa qui est la musique des descendants ganéens vivant au Maroc et qui a aussi bercé mon enfance.
J’essaie de ne me poser aucune barrière en termes de styles, tout comme le font les artistes que j’affectionne tels que Prince ou Ben Harper. Je ne pense pas qu’il faille forcément se mettre dans une case. C’est beaucoup plus libérateur de laisser libre cours à ses inspirations, se nourrir de ce qui nous touche, ce qui au final résulte en un melting -pot unique d’influences de partout.
Quels artistes africains appréciez- vous et avec qui comptez-vous collaborer dans le futur ?
J’appréciais tout particulièrement le maître de la musique Gnawa qui est Mahmoud Guinia qui est décédé récemment, malheureusement. Nous préparons, cependant, une collaboration avec son fils qui me fait l’honneur de coopérer sur deux chansons de mon prochain album.
Depuis la sortie de votre album « Freedom is now », qu’est-ce qui a changé dans votre carrière musicale ?
Tout a changé à vrai dire ! Avant sa sortie, j’avais passé plus de deux ans à travailler dessus en composant, puis en enregistrant en studio, et je m’impatientais de pouvoir enfin partager cela avec un public.
Dès la sortie de mon album, j’ai eu la chance de monter sur la scène du Montreux Jazz Festival de Suisse pour un live. Cela m’a permis de rencontrer un beau public et de faire connaître ma musique, et d’enfin partager tout ce que j’avais gardé au fond pendant tant de temps.
Combien d’albums avez-vous déjà sorti ?
« Freedom is now » est mon premier et seul album dans ma discographie. Parallèlement à cet album, j’ai sorti 4 singles en clip vidéo dont ma chanson « Modern Slaves » qui marche bien en Afrique, sûrement du fait de ses paroles très libératrices.
La réaction des gens lorsque je chante cette chanson en live me touche beaucoup. Je suis à présent en préparation de mon second album qui devrait sortir en fin 2017.
Pourquoi nommez-vous votre nouvel album « Back to Birmingham Jail » ?
Nous traversons une époque où malheureusement, certaines libertés que nous croyions acquises nous sont retirées et reculent … Avec des gens comme Donald Trump au pouvoir aux États-Unis d’Amérique ou encore la guerre en Syrie, la lutte pour les droits civiques est piétinée, et nous assistons à un violent retour en arrière, à des discours que nous pensions ne plus jamais entendre.
Dans ce contexte là, les écrits de Martin Luther King me reviennent souvent en tête, des écrits que j’ai d’ailleurs beaucoup étudiés durant mon Master de philosophie. C’est par la fameuse lettre de la prison de Birmingham que j’ai eu l’idée d’intituler mon album ainsi.
Pour moi, c’est l’un de plus beaux textes. C’est pourquoi j’ai souhaité lui rendre hommage dans cet album et rendre hommage à cette réflexion critique et libératrice que tout comme lui, nous devrions tous avoir, au travers plusieurs chansons qui tournent autour de cette problématique, et qui rappellent le gospel noir typique du Sud des Etats-Unis d’Amérique, et emblématique de cette lutte.
Lors du festival « Impulsion » de Niort en France, quel a été votre engagement pour les droits des femmes ?
Ce festival tourne autour de la lutte pour l’égalité et j’ai été très honorée d’y être invitée. De par le monde aujourd’hui, les femmes n’ont toujours pas un statut égal à celui de l’homme, et ce, non seulement dans nos pays africains où nombreuses sont les femmes qui luttent au quotidien, mais aussi en Europe où d’une manière plus détournée des inégalités persistent, déjà au niveau salarial. De plus, avec le type de paroles que Donald Trump a osé prononcer ces derniers temps, nous ne pouvons que nous effrayer du machisme ambiant qui est toujours présent malgré tout, et dangereux.
Quelles sont vos dates importantes pour le reste de cette année 2017 ?
Là, je viens de me produire en live ce 23 mars au festival « Voix de fête » à Genève durant lequel j’ai fait une performance très spéciale, mêlant mes chansons en anglais, à certains de mes textes poétiques écrits en français!
Concernant l’Afrique, en septembre prochain, je me produirai les 15 et 16 septembre, au festival Tanjazz, à Tanger au Maroc.
YVES DIBOKO