Un peu Shegue (enfants survivants dans la rue de Kinshasa), un peu fou, teinté de l’énergie purement kinoise, mais évoluant sous les influences punk, techno ou encore rock, tout en mélangeant les identités afro et parfois rappelant le coupé-décalé kinois ou les Atalaku (animateurs) du ndombolo, Tshegue est le duo franco-congolais composé de la chanteuse rd-congolaise et parolière Faty Sy Savanet et de Nicolas “Dakou” Dacunha, batteur et percussionniste.
Alors qu’ils sont de retour avec leur troisième EP, “Argent”, sorti le 11 octobre après 5 ans d’absence, ce projet comprend 6 titres : “Mais”, “Shuffle”, “Easy Money”, “Sing My Song”, “Click” et “Pili Pili”. Tshegue ne se comprend pas, ça se savoure ; beaucoup d’influences donnent l’impression que nous sommes dans un univers fait de sons et d’images, un univers où chaque clip qui accompagne les morceaux est une œuvre d’art, une histoire qui transporte et touche l’âme.
« Kinshasa, c’est pour moi la Mecque de la musique »
Faty Sy Savanet, née à Kinshasa, a grandi à Lemba, l’une des communes les plus branchées de la capitale fêtarde rd-congolaise, avant d’atterrir à 9 ans en banlieue parisienne. Comme chez tout congolais, la musique est dans le sang, et elle en a fait son gagne-pain. Elle a pris sa part et s’est appropriée la langue et la créativité à la congolaise en disant dans le titre “Sing My Song” : « Papy Mbavu apesi Héritage pona bana Tshegue » (Papy Mbavu lègue l’héritage aux membres de Tshegue). Pour la petite histoire, Papy Mbavu est un pionnier du coupé-décalé kinois, aujourd’hui répandu à Kinshasa avec une connotation très péjorative, ce qui confirme que Tshegue a bien pris sa part de cet héritage !
Ce qui est à féliciter, c’est que Faty Sy, dite Tshegue, a imposé le Lingala comme instrument de ses revendications, de sa déclamation, de ses réclamations et de ses réflexions que sa musique véhicule.
Avec Tshegue, le lingala sort des frontières de la RDC et s’impose comme une langue universelle. Le duo franco-congolais parvient à toucher un public de plus en plus large grâce à sa musique métissée et engagée. Leur concert à la Halle de la Gombe en mars dernier a été un véritable succès, témoignant de l’engouement du public kinois pour ce projet unique.
PLAMEDI MASAMBA