Internationaliste de l’université de Lubumbashi dans le Haut-Katanga, en République Démocratique du Congo, Héritier Ekoto a passé en revue le dernier sommet de l’Union Africaine tenu du 15 au 17 juillet 2016, à Kigali, au Rwanda. Du passeport africain au terrorisme, en passant par la réintégration du Royaume de Maroc à cette organisation continentale, Ekoto n’a pas hésité d’émettre son point de vue. Il a profité de la même occasion pour conseiller la jeunesse africaine qui à ce jour est victime des discours et actes inhumains de ces politiciens, et qui est censée prendre la relève dans les prochains jours. En tant qu’Expert en Relations internationales, qu’ avez-vous retenu du dernier sommet annuel de l’ Union Africaine ?
D’entrée de jeu, il est important de souligner le contexte dans lequel ce sommet s’est tenu. En effet, c’est sur fond de la guerre civile au Soudan du Sud où les crimes dont la cruauté dépasse de loin les bornes de l’entendement humain inquiètent la communauté internationale, le probable retour du Maroc depuis 1984 dans le giron de l’organisation continentale en guise de protestation contre l’admission de la République arabe sahraouie, la RASAD proclamée par le front Polisario considéré comme faisant partie du territoire marocain, sur l’élection du nouveau président ou de la nouvelle présidente à la tête de la commission de l’Union Africaine et sur bien d’autres questions lancinantes dont le terrorisme que s’est tenu ce sommet annuel à Kigali en présence du gratin africain des Chefs d’Etats.
Ce faisant, pour sortir le Soudan du Sud d’une guerre civile sans merci et dont les affres causent les mort, les désolations, les exode, et tutti quanti, les pays de l’autorité intergouvernementale (IGAD) ont demandé au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies d’autoriser le déploiement d’une force régionale de protection au Soudan du Sud dans le cadre de la mission des Nations-Unies déjà présente dans le pays avec un mandat plus musclé et dont l’objectif est de protéger les civils, de pacifier Juba et de séparer les parties du conflit.
Concernant le voeu du royaume chérifien de revenir au sein de l’Union Africaine, il appartient à la commission de l’organisation de statuer au regard de l’article 29 de l’acte constitutif de l’UA sur demande expresse du Maroc.
L’autre question qui aura tenu en haleine l’opinion reste sans nul doute l’élection du su successeur de la présidente de la commission de l’Ua.En effet, il faut souligner que sept tours n’ont été suffisants à l’un des trois prétendants pour obtenir la majorité de deux tiers nécessaires pour l’emporter. Par voie de conséquence, le mandat de l’actuelle Commissaire est prolongé. Madame Zuma reste encore à son poste pendant six mois. C’est-à-dire jusqu’en janvier 2017 pour une deuxième élection.
De plus en plus, le contexte de « Village planétaire » devient une réalité. Pensez-vous que le passeport africain lancé au cours de ce sommet permettra à l’Afrique de se développer ?
Le passage de l’Organisation de l’Union Africaine à l’Union Africaine avait suscité un immense espoir dans le chef des africains. En effet, il fallait que l’Afrique réponde à la nouvelle dynamique. C’est ainsi que dans la Charte de l’UA, il est dit expressis verbis que la place de l’Afrique se trouve dans la mondialisation qui se veut de notre point de vue un « univers de concurrence exacerbée où la survie s’obtient à l’aune de la compétitivité ».
Il fallait également que l’Afrique devienne un espace de droit (Etat de droit).Force est de constater malheureusement que ni l’un ni l’autre ne semble rencontrer le désir des pères fondateurs de l’Union Africaine. En effet, non seulement que l’Afrique compte pour du beurre dans ce village planétaire en ce que son poids réel sur la géostratégie et la géopolitique internationale est le moins que l’on puisse dire infinitésimal mais aussi la notion de l’Etat de droit ne semble pas avoir droit de cité en Afrique. Bien plus, la circulation des personnes et des capitaux constituant la pierre angulaire de l’intégration régionale, c’est une bonne nouvelle que de voir les Etats Africains opter pour le passeport africain en vue de supprimer toutes les barrières qui sont des obstacles pour l’intégration régionale.
Cependant, les balbutiements constatés jusqu’ici au sein de l’UA donnent des sueurs froides à tout observateur averti. Cela est dû entre autres à ce hiatus qui existe entre les objectifs fixés des organisations africaines et les objectifs effectivement atteints. A ce propos, un humain de grand esprit affirme: « Parmi les quelques deux cents organisations répertoriées en Afrique subsaharienne, rares sont celles qui, lorsqu’on s’attache à les étudier ne relevent pas un écart démesuré entre les ambitions inscrites dans les textes fondateurs et les réalisations effectivement mises en oeuvre ». L’afrique doit sortir des jérémiades et se mettre résolument au travail afin d’être au diapason des nations compétitives
Aujourd’hui, les rd-congolais ne jouissent pas de toutes les organisations sous-régionales où la RDC est membre. Pensez-vous qu’avec la création de cette zone de libre-échange continentale, ce peuple se retrouvera ?
Cela dépend de ce qu’on entend par jouir d’une organisation. En effet, les dividendes qu’un Etat tire de son appartenance à une organisation internationale ne sont pas que d’ordre matériel. Elles sont également d’ordre immatériel, l’intérêt national étant le fil conducteur de la politique étrangère de chaque Etat. Or, la notion d’intérêt national en Relations Internationales est trilogique: d’abord elle revêt une dimension militaire (sécurité), ensuite la dimension économique (prospérité) et enfin la dimension culturelle (identité). Bien plus, si la République Démocratique du Congo souhaite tirer profit de son appartenance à une organisation internationale. Elle doit avoir l’idée que les Etats sont des monstres froids. Ils n’ont ni ami, ni ennemi, mais ils n’ont que des intérêts.
Une définition claire de la politique étrangère est souhaitable pour jouer un quelconque rôle au sein de ces organisations et en tirer des dividendes.
Quel mécanisme doit mettre en place l’UA pour éliminer tous les groupes armés opérant dans le continent, à l’instar des FDLR, LRA, BOKO HARAM, CHEBAB … ?
La lutte contre le terrorisme en général et en particulier, contre les groupes armés remet en surface la question relative à la guerre asymétrique. En effet, le terrorisme et ses tentacules sont tellement répandus qu’aucune portion du globe n’est à l’abri de cette nouvelle menace. S’il est une question qui demande des réponses globales à l’échelle mondiale, la question du terrorisme devrait, de notre point de vue occuper une place de choix dans l’agenda des Etats.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis d’Amérique, le terrorisme a prouvé à l’humanité entière sa capacité de nuisance. L’Afrique doit composer avec les autres nations du monde notamment en matière de formation, d’équipements des troupes pour faire face à verte nouvelle menace avec la logique qui sous-entend parce que la menace est globale Il faut itou des réponses globales adéquates.
Concernant la question des groupes armés qui ont élu domicile en Afrique, il est important de souligner qu’étant donné des études qui font état des motivations économiques de ces groupes armés avec certains milieux maffieux et au delà de la seule option militaire pour y faire face, une action de lobbying s’avère également indispensable pour couper non seulement les sources de financement mais aussi les empêcher d’avoir des bases arrières à partir desquelles ces cabales sont ourdies.
Concernant la RDC par exemple, il est plus que nécessaire de s’atteler, de concert avec les autres États à faire la tracabilité de ses minerais dits « de sang ». L’Afrique ne doit pas être le terreau des groupes armés qui se comportent en conquistador.
Un message à la jeunesse africaine qui nuits et jours est embourbée par les discours des dirigeants au pouvoir et de l’ opposition ?
Mon message à la jeunesse africaine est clair et précis :
Chers jeunes, de prime à bord, laissez moi faire mienne cette citation d’Aimé Césaire: « Aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l’intelligence ou de la force.
Chers jeunes, de même que l’apôtre Paul avait abandonné son petit village de Tarse pour apporter l’Evangile de Jésus-Christ dans pratiquement tous les hameaux et villes du monde gréco-romain, moi itou je ressens l’obligation de vs apporter l’Evangile de l’éveil de conscience et de la liberté au delà de mes convictions personnelles pour une jeunesse de plus en plus dynamique et audacieuse mais de moins en moins snobe et oisive en vs interpellant sur les défis qui sont les nôtres, au nom de la société en péril.
En effet, depuis des temps immémoriaux, l’on a souvent ressassé que la jeunesse est l’avenir de demain sans dire exactement demain c’est quand. Le landerneau politique africain est peuplé d’arrivistes, de populistes et que sais-je encore. Il faut que la jeunesse africaine puise dans la bravoure des pères des indépendances africaines qui étaient également des jeunes comme nous afin d’être toujours à la hauteur des enjeux qui conditionnent l’existence du continent. Il est malheureux de voir les jeunes s’agglutiner toujours et continuellement autour des politiciens qui leur font miroiter des intérêts mirobolants, politiciens qui sont en réalité des prédateurs invétérés mais revêtus de la peau des philanthropes pour nous tourner en dérision. L’Afrique sera demain ce que la jeunesse souhaite aujourd’hui.
En définitive, il est important de retenir que:
- La jeunesse est l’espoir de demain si elle travaille pour ce faire ;
- La jeunesse est le fer de lance de toute société. Arrêtons de dissoudre nos énergies combatives dans l’alcool et soyons au coeur des décisions, c’est à dire dans l’arène. Oui, la jeunesse est l’espoir de demain mais demain c’est quand? Vive la jeunesse.
CINARDO KIVUILA