En séjour dans son pays d’origine, la République démocratique du Congo, le boxeur Youri Kalenga, devant les micros et les caméras, affiche au grand jour ses ambitions. Marié à une française et père de deux garçons, « El Toro » est à l’assaut de plusieurs Ministères pour soumettre son projet d’affronter, en combat retour, son adversaire, le cubain Dorticos à Kinshasa pour, à l’en croire, offrir à ses compatriotes un vrai spectacle de boxe mais également rendre hommage à Mohamed Ali, qui pour lui, fait partie de l’histoire glorieuse de la RDC. Sa carrière, son combat retour pour la ceinture de WBA lourd léger, le parrainage de l’évènement, ses avis sur la boxe en RDC, ses ambitions,… Youri Kalenga, ce fils d’un autre boxeur décédé, nous plonge dans univers.
Youri Kalenga, racontez-nous votre carrière ?
(Rire) Mon parcours est celui d’un jeune qui voulait arriver au sommet de la boxe mondiale et aujourd’hui j’y suis. J’ai eu quand même beaucoup de problèmes sur mon parcours et j’ai eu à les surmonter.
Ma carrière, je l’ai débutée comme amateur ici en RDC et c’est en 2007 que j’ai été découvert grâce au Trophée Doppel de la Bracongo. Derrière ça, j’ai été deux fois champion de Kinshasa et trois fois champion du Congo. Ensuite, j’ai pu partir en France pour une carrière professionnelle.
Quelles sont les difficultés rencontrées et qui vous ont poussé à vous expatrier ?
Les difficultés, il y en a plein. Il n’y a pas que moi. Beaucoup de boxeurs sont en train de souffrir sérieusement et qui n’ont même pas des combats. C’est depuis plus de deux ou trois ans que le RDC n’organise pas de championnat de boxe. Et moi, il y avait un moment, il n’y a rien à manger après l’entrainement, … tu t’y imagines : tu prends autant de coups violents à l’entrainement et tu reviens, tu ne manges rien. J’en avais marre, pour tout dire, et j’avais décidé d’aller faire ma vie ailleurs. Voilà, aujourd’hui en France, j’ai qu’à même un nom. Je suis une fierté d’abord pour mon pays d’origine et pour la France.
Votre dernier combat face à Dorticos au mois de mai dernier vous l’avez perdu, racontez-nous ce qui a conduit à cette défaite ?
J’ai appris que Kinshasa ma ville était vraiment mobilisée pour me soutenir et voir même les Congolais de l’étranger, j’en suis honoré. Ce combat-là, c’est vrai je l’ai perdu. Mais je m’étais entrainé durement, je m’étais épuisé et je n’ai pas eu un bon temps pour récupérer. Et puis voilà. Dans ce haut niveau, on n’a pas droit à l’erreur. Les coups reçus font mal et quand tu commets une erreur, tu te retrouves directement au tapis. Je l’ai perdu, je l’assume. Au contraire, ça m’a encore fortifié d’aller encore au plus haut niveau possible puisque la boxe, c’est mon business et ma vie. Mon but dans la vie, c’était de faire plusieurs fois le championnat du monde, j’en ai fait quatre : j’en ai gagné deux, et j’en ai perdu deux.
Avant ce combat, nous avons vu que la France s’est mobilisée derrière vous, vous présentant comme un Français, mais après la défaite, les médias vous ont traités de Congolais, des Congolo-français,… ces propos, vous ont-ils choqués ?
Moi, franchement, j’adore la France. C’est la France qui a fait de moi un homme. Si j’étais au Congo mais je ne sais pas si j’allais me retrouver où. Ce n’est pas dans le mauvais sens, c’est juste que je suis franco-congolais. Et les medias n’ont dit que ce que je suis.
Que reprochez-vous à la Fédération congolaise de boxe ?
Quand j’étais en RDC, je n’ai jamais été dépendant de cette fédération. Dans la plupart de cas, à sa tête, il y a toujours des gens qui font des magouilles. Genre, s’il y a un voyage, la Fédé s’arrange à envoyer un boxeur qui n’est pas à la hauteur à la place d’un bon. Mais parce qu’il est proche du responsable. Il faut qu’on arrête avec cette attitude qui n’honore pas notre sport. Il faut qu’on pense Congo d’abord.
Vous êtes ambitieux, vous envisagez de diriger la FECOBOXE, quelles sont vos motivations ?
Mes motivations sont nombreuses. Premièrement, nos boxeurs manquent de combat, de vrais rings et un président de la Fédé qui soit proche d’eux. La plupart des présidents de cette fédération sont loin des athlètes et sont dictateurs. Ils mettent leurs familles à la place des boxeurs. Le Congo a besoin de gens qui élèvent le pays. Avec ma petite expérience acquise en France, j’ai un diplôme d’éducateur sportif et je continue actuellement une autre formation pour venir diriger la Fédération de boxe, je compte un jour diriger cette fédération pour hausser le niveau de ce sport dans mon pays. C’est ça mon souhait. D’ailleurs, je suis tellement déterminé, j’ai déjà acheté de mes propres moyens quatre rings olympiques que je vais ramener au Congo. La boxe congolaise a besoin d’un bon leader pour élever ce sport parce que les talents ne manquent pas.
Vous comptez organiser un combat final contre Dorticos à Kinshasa le 30 octobre, avez-vous eu les contacts nécessaires ?
Quand je suis arrivé au pays, je me suis entretenu avec le ministre des Sports. On attend juste l’accord du Premier ministre pour le légaliser. Il l’a accepté, j’ai vu moi-même le courrier adressé au Ministère des Sports, mais nous attendons aussi le parrainage du Président de la République pour donner des assurances à ceux qui veulent s’investir pour la réussite de ce show. Mike Tyson, Will Smith et d’autres stars américaines veulent venir, mais mon promoteur veut avoir des assurances de ce parrainage pour rassurer tout ce monde-là.
Comment se présente votre calendrier ?
J’ai un manager qui a une feuille de route pour moi. Je rentre en France à la fin de ce mois. Et je dois me rendre en Californie en préparation pour un combat là-bas de demi-finale de lourds léger. Et je vais revenir ici pour faire mon combat de boxe le jour mémorial d’Ali-Foreman, le 30 octobre 2016, à Kinshasa. Ce jour-là, j’aimerai offrir ce cadeau à mes frères et sœurs congolais. Ça fait qu’à même plus de dix ans que je n’ai pas boxé au pays, c’est sera une occasion pour moi de communier avec mes ancêtres. Et aussi une manière de rendre hommage à Mohamed Ali parce qu’il fait partie de l’histoire glorieuse de mon pays. Il sera intéressant si le gouvernement prend ce projet à bras le corps puisque l’image du pays en dépend.
ONASSIS MUTOMBO