Artiste musicien (pianiste de formation de l’Institut national des arts – INA – en République Démocratique du Congo), Vincent Kunda est ce rd-congolais qui s’est converti en opérateur culturel et manager d’artistes musiciens, surtout les jeunes talents pour tenter selon ses moyens et ses connaissances à remédier à certains maux qui gangrènent son secteur depuis des années.
D’un côté, il manage, coache artistiquement et produit les jeunes talents, et de l’autre, il est dans la conception et rédaction des projets culturels innovants et adaptés aux différents publics. Avant la fin de cette année en cours, il lancera la plateforme de vente de musique en ligne « Lodevi ». Le tout, dans le silence, mais avec le concours de la presse et des différents professionnels rd-congolais du monde culturel, artistique et événementiel.
Contrairement à d’autres artistes musiciens rd-congolais qui font leurs débuts dans des chorales des églises ou orchestres du quartier ou d’écoles, Vincent a eu le goût de la musique par le soutien de son père qui l’achetait des instruments de musique à chaque fois qu’il revenait de ses missions de services de l’étranger. « J’ai commencé par apprendre le piano à la maison et quand j’ai fini mes études secondaires, j’ai opté pour faire des études de musique à l’Institut national des arts. Un choix qui étonnait nombreux dans mon entourage du fait que je pouvais faire le droit, l’économie ou embrasser une autre faculté comme la majorité des jeunes de ma génération. Mais, j’ai opté pour la musique », a –t-il témoigné au cours d’un entretien avec Eventsrdc.com
Après ses études à l’INA, il a monté un groupe de musique, New Concept Music, avec ses amis comme le violoniste Hugues Yanda. Son orchestre avait pour mission d’apporter une nouvelle couleur à la musique congolaise, en associant les instruments de musique classique tels que le violon, le saxo, le piano, la flûte, le violoncelle et faire aussi, des métissages avec nos instruments traditionnels tels que le xylophone, le bongo et le likembe.
Quelques temps plus tard, Vincent a pu décrocher un contrat de prestation de service comme pianiste à l’Hôtel Sultani où il jouait en même temps le rôle de conseiller artistique pour les événements VIP qu’organisaient Nicole Sulu dans cette structure hôtelière située en plein centre des affaires de Kinshasa. A la création du réseau des hommes d’affaires panafricain « Makutano », jusqu’au moment où nous rédigeons cet article, il co-gère la direction artistique avec le rd-congolais Ados Ndombasi (dramaturge, metteur en scène et actuellement, député national).
Quant aux retombées de sa collaboration avec ce Davos panafricain, Vincent Kunda ne cache pas sa reconnaissance. « Énormément ! Le Makutano m’a permis non seulement d’élargir mon carnet d’adresses, mais surtout de pouvoir travailler avec les professionnels de l’événementiel à Kinshasa », laisse-t-il entendre.
Du piano au management
Réussi à développer son carnet d’adresses suite aux nombrables demandes de ses clients et des musiciens, Kunda s’est vu dans la nécessité de créer un label de management d’artistes appelé « New Concept Management ».
Sa structure est spécialisée dans l’événementiel (fête, spectacle, évènement, cérémonie…), mais aussi dans le management des carrières des artistes. Le fait d’avoir pu développer un réseau et un bon carnet d’adresses par le sérieux et le professionnalisme de son travail, les demandes se sont multipliées et il a décidé de recruter plusieurs artistes musiciens pour répondre efficacement à toutes les demandes qui tombaient sur sa table.
A la question de savoir, pourquoi a-t-il abandonné la casquette de musicien pour porter celle de manager et d’opérateur culturel. Vincent répond en ces termes : « C’est par absence des managers qui pouvaient croire en nous, à cette époque-là. Je devais donc à la fois chercher des marchés pour mon groupe et travailler aussi mon instrument en tant que musicien chose qui était assez difficile (du fait que la musique est jalouse rire…). Je devais donc opérer un choix entre le management et la musique active. Après analyses, j’avais conclu que le management évoluait très bien et est très prometteur. Malgré cela, je reste musicien dans l’âme et c’est cette compétence, d’ailleurs, qui me permet d’avoir l’oreille pour reconnaître les bons et surtout, du flair pour anticiper les choses ».
La situation de la covid-19 qui a pratiquement paralysé plusieurs activités en République Démocratique du Congo et dans le monde, profite quand même aux artistes musiciens de New Concept Management pour mieux se reconcentrer sur leur art, arranger leurs répertoires et surtout, se remettre en forme. « Vu mes contacts, à coup sûr, nous serons très sollicités à la reprise des activités », nous a-t-il confié.
Par rapport au nombre d’artistes ayant signé dans son label, Vincent a de la chance d’avoir des artistes à 70% polyvalents. Ils se retrouvent facilement dans le jazz, la salsa, la rumba congolaise, les folklores de la Rd-Congo et dans d’autres styles de musique. En ce moment, il a des contrats professionnels avec trois principales artistes notamment Maria Besongo (Milagros). Avec son équipe la team Milagros, elle a deux titres sur le marché musical, à savoir, « Honneur à la femme » et « Longwa na sima na ye » ; Stéphane Malonga (El Salsero). Avec son équipe Phanopla, il a deux titres sur le marché, « Aicha » et « Etula » ; et Prisque Bakana qui a récemment sorti son tout premier single intitulé « Simbeno ».
Profitant du contexte de coronavirus, sous la supervision de Monsieur le Manager, les trois artistes de NCM ont pu réaliser un beau projet en revisitant la célèbre chanson italienne « Bella Ciao ». « Ils l’ont interprété en lingala, kikongo et swahili avec comme soubassement rythmique la salsa. C’est une belle chanson que beaucoup vont sûrement aimer », a-t-il souhaité.
Passion ou business ?
« Je crois que la passion est même l’élément le plus important pour tout entrepreneur. Quand on n’est pas passionné, on lâche facilement à la première grande difficulté. Après, il faut être réaliste et ne pas faire l’art pour l’art. Parce que la réalité de la vie ne va pas nous faire des faveurs. D’où, il faut ajouter la dimension business à la passion pour que cela soit une véritable profession. Quant à moi, 80% de mes revenus sont obtenus par la musique », a déclaré Vincent Kunda.
Par manque des maisons de production discographique en Rd-Congo, il est dans l’obligation de porter également la casquette de producteur pour financer certains projets de ses trois poulains. Il reconnaît que le manque des liquidités est ce grand problème qui freine le secteur musical au pays de Papa Wemba. Il l’exprime en ces mots : « Il n’y a pas d’acteurs culturels pour faire fonctionner cette industrie qui peut générer beaucoup d’argent. Les artistes sont devenus des mendiants à cause de cette situation. Déjà, le fait que l’artiste n’ait pas un statut reconnu par la loi congolaise, pose déjà un problème ».
Pour bien entretenir ses artistes, demeurer opérationnel et financer à partie leurs projets, Vincent et sa structure New Concept Management ont quelques contrats fixes à travers la ville de Kinshasa. Conscient de la charge quotidienne et toujours ambitieux, il est prêt à coopérer avec les maisons de production discographique de renommée mondiale pour la suite de carrière de ses actuels musiciens. « Pourquoi pas ? L’union fait la force. L’Afrique a besoin des réseaux puissants pour se développer rapidement. Et dans le cadre du projet Lodevi, nous serons obligés de travailler avec tous ses acteurs qui interviennent dans la chaîne de production d’une œuvre musicale », a-t-il déclaré.
Dans le souci de rendre la musique africaine commerciale, avec ses partenaires dont il tait encore les noms, ils lanceront au cours de cette année 2020, une plateforme de vente de musique en ligne désignée « Lodevi ». « Elle permettra aux artistes musiciens africains de vendre réellement leurs œuvres à l’aide d’une stratégie que nous allons mettre en place », a-t-il avancé sans détails.
CINARDO KIVUILA