Le Musée d’art contemporain et multimédia de l’Echangeur (MACM) abrite, depuis le 12 janvier, l’exposition « Fragile » du photographe allemand Wolgang Tillmans. Dès l’entrée de la grande salle de l’imposante tour de Limete, se trouvant au cœur de Kinshasa, les visiteurs sont en contact direct avec les photos, de divers styles et thématiques de Wolfgang. Une sélection de plus de 200 travaux conçus entre 1986 et 2017, l’expo offre un aperçu sur les formes d’expression multiples du photographe allemand.
Cela se traduit soit par la figuration, soit par l’abstraction, comme l’on peut se rendre compte dans les œuvres exposées au musée de l’Echangeur ou dans la salle d’exposition de l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa, voire même dans certains grands panneaux implantés dans certains coins de la capitale qui fait en sorte que l’art aille à la rencontre du public. Si pas toutes les photos de Tillmans, au moins une partie relate une histoire ou des images de la nature ou des paysages. Une autre forme d’intimité est aussi présente dans le travail de Wolgang Tillmans.
L’objectif de l’appareil photo de Wolfgang Tillmans braque souvent des objets ou scènes paraissant presque banal mais avec une qualité esthétique qui attire l’œil à contempler et à bien comprendre la démarche de l’artiste. Les techniques impressionnantes assorties à la manière de présentation où l’accrochage des œuvres des œuvres s’apparente à une installation. Une autre beauté de l’exposition « Fragile ».
Restant en même temps dans son rôle d’artiste censé questionner sa société et traiter des sujets d’actualité parfois sans se rendre compte, Wolfgang Tillmans, dans son travail se penche aussi de certains faits sociaux et politiques, entre autre les libertés des manifestations. Avec ses tables présentoirs appelées « Truth study center » (Des centres d’études de vérité) dont la création a commencé il y 12 ans. Aujourd’hui, l’artiste se rend compte que le sujet reste à jour où les doutes sur la vérité dominent les débats politiques actuels, comme avance le photographe allemand.
Kinshasa à l’honneur
La photographie est un art prometteur, a lâché le responsable du musée d’art contemporain et multimédia de l’Echangeur qui se réjouit, pour le compte de son institution, d’avoir accueilli cette exposition itinérante qui atterrit pour la première fois à Kinshasa.
Le choix de la capitale congolaise parmi les villes africaines qui doivent accueillir l’exposition « Fragile » est un bon signe. Etant donné que Kinshasa serait souvent mise de côté dans les pareils projets. Pourtant les créations congolaises sont séduisantes non seulement sur la scène africaine mais également sur la scène internationale de l’art contemporain.
« Le Congo s’exporte bien, mais les expositions n’y reviennent pas forcément. Il y aurait donc une forme d’extraction de contenus très semblable à celle de l’industrie extractive minière, mais sans la contrepartie d’un retour des produits manufacturés pour une consommation locale », comme a relevé Patrick Mudekereza, directeur exécutif du centre d’art Waza de Lubumbashi, dans l’annexe du catalogue qui accompagne l’expo « Fragile ». Une lueur d’espoir que cette situation ne sera toujours pas ainsi, essentiellement dans le secteur des arts visuels.
L’équipe de l’IFA (Institut fur Auslandsbeziehungen / Institut pour les relations étrangères) qui a initié ce projet et celle de Goethe Institut Kinshasa ont dû réparer cela à leur manière. Wolfgang Tillmans a d’ailleurs fait savoir à la faveur d’une conférence de presse, qu’il était aussi très important pour lui de présenter, pour la première fois, son travail en Afrique. Pourtant l’artiste a déjà présenté ses clichés dans les grands musées du monde entier. Le dernier en date est sa toute dernière exposition, en 2017, à la Tate Modern à Londres, l’un des musées le plus prestigieux du monde.
C’est jusqu’au 18 février prochain que l’exposition « Fragile » sera ouverte à Kinshasa pour poursuivre son périple dans un autre pays africain.
Bio
Né en 1968, à Remscheid en Allemagne, Wolfgang Tillmans vit et travaille entre Berlin Londres. Grâce à ses techniques et son engagement, l’artiste a reçu plusieurs prix et distinctions qui font, à ce jour, sa renommée internationale. Wolfgang Tillmans est le premier photographe à se voir récompenser, en 2000, par le Turner Prize avant de glaner le prix Hasselblad en 2015.
PATRICK NZAZI